ENVIRONNEMENTLe procès de la dioxine, scandale environnemental et sanitaire

Le procès de la dioxine, scandale environnemental et sanitaire

ENVIRONNEMENTOuverture du procès contre l'exploitant de l'incinérateur qui rejetait de la dioxine…
avec Reuters

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Le tribunal correctionnel d'Albertville examine ce lundi et jusqu'à mardi l'affaire dite de la pollution à la dioxine liée aux rejets de l'incinérateur de Gilly-sur-Isère. Considérée comme un scandale de santé publique majeur au moment de sa révélation en 2001, l'affaire s'est progressivement dégonflée: seule la société Novergie Centre-Est, filiale de Suez Environnement, qui exploitait l'équipement comparaît dans le box des accusés pour «non respect des règles environnementales».

Les parties civiles se montrent malgré tout satisfaites de la tenue de cette audience qu'elles considèrent comme une victoire. «250 incinérateurs du même type ont été fermés depuis le début de cette affaire, se réjouit Me Thierry Billet, leur avocat. Nous considérons avoir déjà atteint notre objectif sur le plan sanitaire».

Difficile de prouver la cause des cancers recensés

L'incinérateur de Gilly-sur-Isère, en Savoie, qui traitait les déchets d'une cinquantaine de communes environnantes dont ceux des stations de ski, avait été fermé le 25 octobre 2001 par arrêté préfectoral, après six ans de fonctionnement illicite. Les prélèvements effectués à l'époque avaient révélé des concentrations de dioxine 700 fois supérieures aux normes européennes autorisées, notamment dans le lait. 6875 vaches avaient ainsi été sacrifiées dans la foulée. 2,23 millions de litres de lait, 24 tonnes de produits laitiers et 8500 tonnes de foin avaient également été détruits.

Deux cents riverains avaient choisi de déposer plainte après le recensement de 80 cas de cancer dans la seule rue Louis-Berthet, à proximité de l'incinérateur. Les expertises n'ont toutefois pu établir leur origine précise. «Tout le monde sait que la dioxine est cancérigène mais il est difficile de prouver quelle est la cause exacte d'un cancer» reconnaît Me Billet.

Poursuites abandonnées

Sur le plan pénal, cette audience se déroule en l'absence de tout responsable politique. Albert Gibello, ancien maire UMP de la commune et président du Simigedo (syndicat intercommunal mixte de gestion des déchets du secteur d'Albertville), mis en examen en 2004 pour «mise en danger de la vie d'autrui», a finalement bénéficié d'un non-lieu le 26 octobre 2007. Deux préfets, Paul Girot de Langlade et Pierre-Etienne Bisch, ont également été mis en examen avant de voir les poursuites abandonnées faute de liens avérés scientifiquement entre les cancers et la dioxine.

Les parties civiles font citer à cette audience à titre de témoins Corinne Lepage et Dominique Voynet, anciennes ministres de l'Environnement qui avaient alerté les préfets de l'époque sur les normes européennes en matière d'émission de dioxine.

A l'issue de ce procès, la filiale de Suez Environnement ne risque qu'une simple peine d'amende. «Nous ne demandons pas d'argent», précise l'avocat des parties civiles qui voit dans cette audience une tribune idéale pour «rappeler qu'il faut arrêter les exploitations de ces équipements quand il y a des doutes».