Un sommet en Russie pour la défense du tigre
BIODIVERSITE•Menacé d'extinction, le tigre a sollicité les gouvernements de treize pays qui l'abritent à se réunir en Russie pour un sommet sans précédent avec l'objectif de doubler la population de ce félin à l'état sauvage d'ici à 2022.© 2010 AFP
"Il s'agit d'une réunion sans précédent des dirigeants internationaux dans le but de doubler le nombre des tigres", a déclaré James Adams, le vice-président de la Banque mondiale qui supervise le financement du programme de protection des tigres, à l'ouverture du forum de quatre jours à Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie).
Il ne reste que 3.200 individus dans la nature, contre 100.000 il y a un siècle. "Le nombre des tigres a été divisé par 30 en 100 ans. Trois des huit sous-espèces ont disparu (...) Le tigre est l'un des animaux les plus vulnérables et menacés d'extinction", a pour sa part souligné le ministre russe des Ressources naturelles Iouri Troutnev devant les délégués.
La sauvegarde du tigre dépend des politiques
Ce forum se déroule dans l'ancienne capitale impériale sous la houlette du Premier ministre russe Vladimir Poutine, défenseur affiché du tigre de l'Amour -la sous-espèce russe- qui y participera mardi. Seront en outre présents quatre de ses homologues étrangers et de nombreux autres hauts responsables gouvernementaux. Pour James Leape, directeur général du Fonds mondial pour la nature (WWF), "le succès" de l'initiative pour protéger le tigre "dépend de la volonté politique des pays qui l'abritent".
La Russie est plutôt bonne élève pour la conservation du fauve. Contrairement aux douze autres pays (Bangladesh, Bhoutan, Cambodge, Chine, Inde, Indonésie, Laos, Malaisie, Birmanie, Népal, Thaïlande, Vietnam), elle a vu le nombre de ses tigres de l'Amour dans l'Extrême-Orient russe augmenter, passant en 50 ans de 80-100 individus à environ 450-500. Vladimir Poutine a pris sous son contrôle personnel un programme de sauvegarde du tigre. Il avait participé en août 2008 à la capture d'une tigresse pour l'équiper d'un collier GPS. L'analyse de ses déplacements est désormais au coeur du programme russe de défense du félin.
La route des trafiquants de l'Inde à la Chine
Ce sont surtout l'Inde et la Chine qui sont au coeur du problème. L'Inde abrite plus de la moitié de la population mondiale de tigres, mais le programme de protection engagé par New Delhi n'a pas réussi à enrayer le déclin rapide de ce grand fauve. La population de tigres en Inde a chuté à 1.411 aujourd'hui contre environ 3.700 en 2002 et 40.000 en 1947, au moment de l'accession à l'indépendance. "Il est essentiel d'éliminer le braconnage. Des solutions doivent être trouvées aux niveaux nationaux. Il faut aussi renforcer la coopération transfrontalière", a souligné M. Adams.
Environ 150 tigres sont tués chaque année dans le monde, si bien qu'en Transcaucasie, en Asie centrale, à Bali et à Java, les tigres ont totalement disparu. La route des trafiquants va de l'Inde à la Chine où les différentes parties du tigre valent très cher, car utilisées depuis 1.500 ans dans la médecine traditionnelle et pour leurs supposées vertus aphrodisiaques.
Un programme international pour la protection du tigre sera adopté au cours du sommet afin de doubler le nombre des tigres d'ici à la prochaine année du tigre dans le calendrier chinois, en 2022. Il prévoit notamment la création d'un consortium international pour la protection du félin réunissant Interpol et les douanes des Etats concernés. Andreï Kouchline, responsable de la Banque mondiale pour la sauvegarde des tigres, a indiqué mi-novembre que 350 millions de dollars seraient débloqués sur cinq ans pour le plan d'action qui sera adopté pendant le sommet.