Mesurer le bonheur, nouvelle mission de l'Insee
PLANETE•L'institut a produit de nouvelles statistiques pour sortir de la suprématie du PIB...Audrey Chauvet
L’argent ne fait pas le bonheur. A la suite des travaux de la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi et du rapport rendu à Nicolas Sarkozy l’année dernière, l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) et le Service de l’observation et des statistiques ont annoncé l’apparition de nouvelles données «offrant un éclairage nouveau sur l’économie». Leur objectif: intégrer le développement durable et le bien-être aux statistiques économiques.
Un indicateur de bien-être synthétisant de multiples données
La Stratégie nationale de développement durable impose de nouveaux indicateurs pour mesurer les progrès accomplis. Ainsi, l’empreinte carbone des produits consommés en France (qu’ils soient produits localement ou à l’étranger), mais aussi la répartition des revenus dans la société, les sorties précoces du système scolaire, le nombre de femmes au Gouvernement, le taux d’emploi des seniors et d’autres indices seront publiés et présentés chaque année au Parlement.
Ces données seront complétées et développées dans les différentes études de l’Insee. En novembre, un rapport sur les conditions de vie des Français permettra de travailler sur des indicateurs de conditions de logement, d’endettement, de santé, d’éducation, etc. Avec au bout du compte la création d’un «indicateur de bien-être synthétisant les différentes dimensions», selon l’Insee.
Le «Bonheur national brut»
Depuis plusieurs années, les économistes et les statisticiens planchent sur la création d’indices complémentaires au PIB, qui présente de nombreuses limites. Par exemple, en faisant travailler ambulanciers, pompiers, carrossiers, vendeurs de voitures, etc, un accident de voiture fait augmenter le PIB, mais pas nécessairement le bien-être...
Le rapport rendu par les économistes Jospeh Stiglitz, Amartya Sen et Jean-Paul Fitoussi a permis d’identifier les limites du PIB comme indicateur de performance économique et de progrès social, et d’imaginer de nouvelles mesures du bien-être et du développement durable, prenant en compte les dimensions économiques, sociales et écologiques. Pour peut-être un jour arriver à une mesure du «Bonheur national brut», comme le fait le Bhoutan depuis 1972.