Premier miel des abeilles «sentinelles»
PLANETE•Une ruche destinée à étudier les abeilles a donné du miel pour la première fois...Audrey Chauvet
Quelque 30.000 abeilles ont élu domicile rue de Grenelle, en plein quartier des ministères, dans le 7e arrondissement de Paris. La première récolte de miel de la ruche «Abeille sentinelle de l’environnement» a eu lieu le 25 septembre sur les toits de Natureparif, l’agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France. Près de 45 kilos de miel seront mis en pot grâce à la pollinisation des acacias et tilleuls bordant les boulevards, mais aussi des fleurs des jardins et parcs: «Les villes sont un réservoir de nourriture pour les abeilles, car le fleurissement y est assuré de mars à octobre grâce au travail des jardiniers», explique Stéphanie Lux, directrice de Natureparif.
Un miel «bio»
Dans ce miel parisien, aucune trace de pollution, assure Claude Cohen, président de l’Association des apiculteurs d’Ile-de-France: la ville de Paris n’utilise pas de pesticides pour entretenir ses arbres et ses parcs. Aucune trace de métaux lourds ou de gaz polluants non plus, les fleurs ayant souvent un mécanisme naturel de protection qui permet aux abeilles de butiner «bio». «C’est un très bon miel», commente l’apiculteur en collectant les hausses, ces «tiroirs» d’alvéoles dans lesquels les abeilles s’abritent et stockent leur nourriture pour l’hiver. C’est le surplus de réserves que les apiculteurs prélèvent pour en faire du miel, mais aussi de la cire.
L’«Observatoire» des abeilles pour étudier la biodiversité
Ce miel ne sera pas vendu, l’objectif de la ruche étant de faire connaître l’Observatoire francilien des abeilles. «En analysant 120 miels d’Ile-de-France, on va étudier le lien entre l’alimentation et la santé des abeilles. Une abeille bien alimentée, avec une grande variété de pollens, résiste mieux aux agressions», explique Stéphanie Lux. Une diversité que les abeilles peinent à trouver dans les campagnes où la monoculture et les pesticides causent la perte de 300.000 à 400.000 ruches par an selon l’Unaf, l’Union nationale de l’apiculture française.
L’opération «Abeille sentinelle de l’environnement» devrait permettre d’étudier l’évolution des espèces végétales que les abeilles pollinisent, et surtout de rappeler que ces insectes menacés de disparition assurent la reproduction de près de 80% des plantes sur la planète, dont 35% de notre alimentation. En France, 2.000 à 3.000 apiculteurs cessent leur activité chaque année, signe de la raréfaction de ces insectes sans qui l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre, si l’on croit la phrase attribuée à Albert Einstein.