Le requin du Groenland est capable de vivre plusieurs siècles grâce à son ADN de champion
longévité•En séquençant l’ADN du requin du Groenland, une espèce capable de vivre plusieurs siècles, une équipe de chercheurs a trouvé des pistes qui pourraient expliquer sa longévité20 Minutes avec agence
Louis XIV, Galilée, Molière… Sans le savoir, certaines personnalités du XVIIe siècle ont probablement vécu à la même époque que plusieurs requins du Groenland nageant toujours paisiblement, en 2024, dans les eaux glacées du nord de l’Atlantique et de l’Arctique. Une étude publiée en 2016 avait en effet permis d’établir que l’espérance de vie de cette espèce atteignait en moyenne 400 ans, un record parmi les vertébrés.
Un siècle avant la maturité sexuelle
Bien décidée à comprendre les secrets d’une telle longévité, une équipe de biologistes allemands a récemment séquencé 92 % de son ADN, rapporte CNN. « C’est seulement grâce à l’assemblage du génome que nous pouvons réellement comprendre quelles mutations se sont accumulées chez le requin, et qui ont conduit à cette durée de vie énorme », explique le Dr Steve Hoffman, auteur principal de cette étude, qui doit encore être validée par des pairs.
Les scientifiques ont tout d’abord rappelé plusieurs caractéristiques qui font du requin du Groenland une espèce hors du commun. Ces poissons peuvent ainsi mesurer jusqu’à six mètres de long, mais ne grandissent que d’un centimètre par an environ. Il leur faut d’ailleurs patienter un siècle pour atteindre leur maturité sexuelle. Au cours de leurs analyses, les chercheurs ont découvert que son génome était également extraordinaire, dans le sens où il s’avère bien plus grand que celui des autres espèces de requins.
Un ADN capable de s’auto-réparer
Le génome du requin du Groenland est par ailleurs composé à 70 % de gènes sauteurs, qui peuvent se dupliquer et ainsi se déplacer à divers endroits de la séquence ADN. En général, cette caractéristique entraîne des mutations génétiques néfastes, comme des cancers. Dans le cas de cette espèce, elle permettrait au contraire à l’ADN de s’auto-réparer, ce qui ralentirait le processus de vieillissement. Un trait unique, que les scientifiques doivent encore étudier plus en détail.
L’analyse de la longévité du requin du Groenland n’est pas complètement désintéressée. Certains experts estiment en effet que c’est en étudiant les capacités qui aident certaines espèces à vivre plus longtemps qu’ils pourront développer des traitements permettant de retarder le vieillissement humain. Dr Vera Gorbunova, professeure de médecine et de biologie, imagine ainsi déjà la conception d'« un médicament qui ciblerait un gène humain et le ferait fonctionner un peu plus comme un gène de requin du Groenland. Cela améliorerait la réparation de l’ADN chez les humains ».
À lire aussi