météoPourquoi le cyclone qui a touché Mayotte est exceptionnel ?

Cyclone à Mayotte : Malchance, dérèglement climatique… Pourquoi l’île a-t-elle été si durement touchée ?

météoLe cyclone Chido a fait des dégâts considérables à Mayotte
Benjamin Chapon

B.Ch. avec AFP

L'essentiel

  • Le cyclone Chido qui a frappé Mayotte est considéré comme « exceptionnel » en raison de sa puissance accrue par des eaux océaniques particulièrement chaudes, selon le météorologue François Gourand de Météo-France.
  • Le cyclone a causé au moins deux morts et d’énormes dégâts à Mayotte, avec des rafales atteignant 226 km/h, et est considéré comme le plus violent depuis 90 ans.
  • Les conditions favorables au développement de Chido incluent des températures de surface des eaux proches de 30 degrés, un « gros réservoir d’énergie disponible pour les cyclones » lié au changement climatique, et un faible cisaillement du vent, permettant au cyclone « de se structurer et de perdurer ».

Le cyclone Chido qui s’est abattu sur Mayotte est « exceptionnel » car il a directement frappé l’archipel, tandis que sa puissance a été dopée par des eaux particulièrement chaudes dans l’océan Indien liées au changement climatique, a expliqué samedi un météorologue à l’AFP.

« On remonte probablement au cyclone du 18 février 1934, donc il y a 90 ans, pour trouver un impact aussi violent sur le département », selon François Gourand, prévisionniste à Météo-France.

Un cyclone record

Chido dépasse le cyclone Kamisy d’avril 1984 qui faisait jusqu’alors figure de « référence » dans la zone, selon lui. Les autorités ont fait état samedi de deux morts et de dégâts « énormes » à Mayotte, tandis que Météo-France a relevé des rafales de 226 km/h à l’aéroport de Pamandzi à l’est de la « capitale » Mamoudzou.

« Pour que l’oeil d’un cyclone touche un territoire aussi petit, il y a quand même une probabilité qui est extrêmement faible, c’est cela qui fait le caractère un peu exceptionnel » de l’événement, selon François Gourand.

Un mauvais scénario climatique

Chido a également profité « d’un environnement océanique exceptionnel depuis quelques années et notamment cette année, avec des températures de surface des eaux proches de 30 degrés et des eaux chaudes très profondes », a révélé le spécialiste. Ce phénomène, lié au changement climatique, crée « un gros réservoir d’énergie disponible pour les cyclones », a-t-il démontré.

Autre élément qui a favorisé le développement de Chido, « un cisaillement de vent faible », ce qui a permis au cyclone « de se structurer et de perdurer ».

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S’il existe trop de différence de vent entre le sol et l’altitude, « cela peut déstructurer un phénomène cyclonique et l’empêcher de se développer. Et là, malheureusement, ce n’était pas le cas », a encore indiqué François Gourand.

La saison des cyclones

De tels phénomènes ne sont pas rares dans l’océan Indien, où la saison cyclonique démarre « à peu près au mois de novembre, avec un pic général entre le mois de décembre et le mois de mars, voire avril », a détaillé le météorologue.

Pour la saison actuelle, Météo-France avait annoncé une activité cyclonique légèrement supérieure à la normale, qui est de 10 tempêtes et cyclones, dont cinq cyclones. La prédiction était « entre neuf et 13 tempêtes et cyclones, et quatre à sept cyclones tropicaux. »