drôles de p’tites bêtesChez les fourmis rouges, il y a aussi des croque-morts

Pourquoi l’efficacité de la fourmi rouge « croque-mort » devrait nous inspirer

drôles de p’tites bêtesLa coopération entre fourmis est un exemple étudié par les chercheurs. 20 Minutes fait le point
Mathilde Fulleringer-Roy

Mathilde Fulleringer-Roy

L'essentiel

  • Les colonies de fourmis rouges, décrites dans Open Science de la Royal Society britannique, montrent une mobilisation collective exceptionnelle face aux cadavres infectés, un moyen efficace de limiter les risques pour la colonie.
  • Le champignon Beauveria bassiana, étudié par Quentin Avanzi, doctorant en biologie, prospère sur les cadavres d’insectes en perçant leur carapace pour consommer leurs tissus internes, rendant les corps hautement contaminés et dangereux.
  • Les fourmis "croque-morts", identifiant les cadavres contaminés recouverts de muscardine blanche, reçoivent un soutien collectif pour leur évacuation, démontrant l’organisation sociale sophistiquée des colonies de fourmis rouges européennes.

Leçon de vie et de mort chez les fourmis rouges. Pour parer au risque sanitaire provoqué par les cadavres infectés de leurs congénères, les insectes dévolus aux fonctions de croque-mort reçoivent la coopération exceptionnelle d’autres fourmis.

Une entraide entre fourmis

« Il y a une entraide dans la colonie quand le risque sanitaire devient beaucoup plus important », explique Quentin Avanzi, doctorant en biologie à l’Université libre de Bruxelles. Tout le monde ou presque est prêt à coopérer, plutôt que de laisser le sale boulot à une minorité de spécialistes, au risque d’une évacuation trop lente.

Espèce de fourmi rouge commune sur le continent européen, cet insecte social contribue à la vie de sa colonie, qui compte plusieurs reines et jusqu’à 2.500 ouvrières, en se spécialisant dans des tâches comme l’élevage des larves ou l’approvisionnement du nid. L’étude parue dans la revue Open Science de la Royal Society britannique identifie un groupe jouant le rôle de croque-mort, mais aussi ceux qui lui prêteront main-forte en cas d’urgence.

Un champignon nommé Beauveria bassiana

Pour cela les chercheurs ont utilisé la vulnérabilité de la fourmi, qui est omnivore, à un champignon qui prospère sur les cadavres des petits insectes dont elle se repaît. Ce champignon, Beauveria bassiana, est un pathogène « très généraliste », qui tue son hôte en déposant sur sa carapace des spores, qui vont germer et percer cette carapace, avant de se développer en « mangeant la totalité de l’intérieur » de sa victime, décrit le chercheur.

Depuis le temps, les fourmis savent identifier un cadavre ainsi infecté, qui se couvre d’une sorte de moisissure, la muscardine blanche. La question étant de s’en débarrasser.