Pesticides : La pollution des eaux aux résidus de pesticides « très sous-estimée » faute de surveillance, selon une ONG
danger sanitaire•Des dizaines de métabolites de pesticides, molécules issues de leur dégradation et potentiellement toxiques, ne font l’objet d’aucune surveillance selon Générations futures. Elle pointe des menaces de pollution des eaux souterraines et de l’eau potable20 Minutes avec AFP
«Et si les métabolites de pesticides qui sont actuellement inclus dans les analyses ne représentaient que la partie émergée de l’iceberg ? » c’est à partir de cette suspicion que l’ONG Générations futures a mené des investigations sur la pollution des eaux en France liée aux métabolites de pesticides, molécules issues de leur dégradation et potentiellement toxiques. Son constat, dressé dans un rapport publié ce mardi, est alarmant puisqu’il montre que des dizaines de métabolites problématiques ne font l’objet d’aucune surveillance.
56 métabolites non suivis
Les métabolites sont des molécules issues de la dégradation de substances chimiques, telles que les pesticides, qui peuvent se retrouver ensuite dans les sols, les eaux de surface et les eaux souterraines, avant de contaminer les zones de captage d’eau potable.
L’ONG affirme avoir identifié 56 métabolites de pesticides n’ayant fait l’objet d’aucun suivi alors qu’ils risquent de contaminer les eaux souterraines à des concentrations supérieures à 0,1 µg/L, soit la limite réglementaire, selon leur analyse de travaux de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).
« Parmi ces 56 métabolites non suivis, nous avons identifié 12 métabolites particulièrement à risque », affirme l’association, dont l’acide trifluoroacétique (TFA), une molécule très persistante déjà dans le viseur du Réseau européen d’action sur les pesticides (PAN Europe).
Le TFA, toxique pour la reproduction, détecté
Le TFA est issu de la dégradation de certains « polluants éternels », les PFAS, qui sont des substances présentes dans des pesticides, des gaz réfrigérants, des revêtements antiadhésifs de poêles, des mousses anti-incendie ou des cosmétiques, et particulièrement dans les rejets des usines qui les produisent.
« Les autorités françaises ne peuvent pas ignorer les risques de contamination des eaux souterraines par le TFA », alerte l’ONG, arguant de la proposition d’une agence sanitaire allemande de classer le TFA comme toxique pour la reproduction.
« Les conséquences d’une exposition chronique aux métabolites de pesticides présents dans l’eau potable sont largement inconnues », rappelle Générations Futures, qui dénonce régulièrement un déficit d’études sur la toxicité de ces molécules.
Aller vers une diminution de l’usage des pesticides
Même si les informations manquent pour déterminer avec certitude les niveaux de concentrations sans risque, les associations antipesticides rappellent que les molécules se cumulent dans l’eau et peuvent avoir un « effet cocktail ».
En conclusion, « Générations Futures demande la mise en place rapide d’un plan d’action pour améliorer la surveillance des métabolites et relancer une politique ambitieuse de diminution de l’usage des pesticides en France », prévue par le plan Ecophyto du gouvernement, très décrié par les écologistes.
Fin 2023, une commission d’enquête avertissait qu’en France, « sur au moins un tiers du territoire national, les pesticides et leurs métabolites constituent une menace majeure pour la ressource en eau potable ».
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