Rapport WWF : Quelles sont ces espèces animales dont le déclin des populations fait vraiment flipper ?
NATURE EN DANGER•Selon l’ONG internationale, les populations d’animaux sauvages se sont effondrées de 73 % au cours des cinquante dernières annéesJérôme Gicquel
L'essentiel
- En cinquante ans, les populations d’animaux sauvages se sont effondrées de 73 % selon le dernier rapport « Planète vivante » de WWF.
- Ce déclin est encore plus rapide en Amérique latine et en Afrique.
- L’ONG internationale met en avant dans son rapport quelques espèces symboliques de cet effondrement de la faune sauvage comme les éléphants de forêt d’Afrique ou les tortues marines.
On attend rarement la publication de ce rapport avec un grand optimisme. Tous les deux ans depuis 1998, WWF sonde l’état de la faune sauvage dans le monde en décortiquant les populations de 5.500 espèces de mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens. Et comme à chaque fois malheureusement, le rapport « Planète vivante » est encore accablant. Au cours des cinquante dernières années, les populations d’animaux sauvages se sont effondrées de 73 % selon l’ONG internationale. On précise bien que les deux tiers des espèces animales n’ont pas disparu en un demi-siècle et que ce déclin de 73 % concerne la taille moyenne des populations d’animaux sauvages observés.
Mais le constat est là, aussi implacable que désolant. « Les données relèvent une tendance dramatique qui se poursuit, un déclin toujours plus marqué des populations d’animaux sauvages, un risque croissant d’extinction », s’alarme dans un avant-propos Maria Susana Muhamad Gonzalez, ministre colombienne de l’Environnement et du Développement durable. Véritable sanctuaire de la vie sauvage, son pays et toute l’Amérique latine sont d’ailleurs la zone géographique où ce recul des populations animales est le plus rapide de la planète avec une baisse catastrophique de 95 % depuis 1970, devant l’Afrique (76 %) et l’Asie (60 %). Dans cette réalité bien sombre, WWF met d’ailleurs en avant dans son rapport quelques espèces symboliques montrant bien que « l’homme a fait de la terre un enfer pour les animaux », comme le prévoyait déjà au XIXe siècle le philosophe allemand Schopenhauer. En voici la liste, macabre et cruelle.
Les éléphants de forêt d’Afrique
Ils sont plus petits que leurs collègues de la savane et vivent dans les denses forêts tropicales d’Afrique subsaharienne comme au Cameroun, au Congo et surtout au Gabon. En 2021, les éléphants de forêt d’Afrique ont été placés sur la liste rouge des espèces « en danger critique d’extinction » par l’Union internationale pour la conservation de la nature. En trente ans, leur population a chuté de plus de 86 % à cause du braconnage mais aussi de la perte de son habitat avec la déforestation.
Dans le parc national de Minkébé au Gabon, l’un de leurs derniers refuges, la population de pachydermes a ainsi décliné de 78 à 81 % entre 2004 et 2014. « Sachant qu’on estime que près de la moitié des éléphants de forêt d’Afrique centrale vivent au Gabon, les scientifiques considèrent qu’une perte de cette ampleur est extrêmement préoccupante pour l’avenir de l’espèce », observe WWF dans son rapport.
Les dauphins roses d’Amazone
Il est également appelé boto et se transformerait, selon la légende, en homme séduisant les soirs de la pleine lune pour séduire la plus belle fille du bal. Vivant dans les eaux du fleuve Amazone, le dauphin rose est lui aussi une espèce en danger en raison des activités humaines. Selon l’ONG internationale, la population de ces cétacés a plongé de 65 % entre 1994 et 2016.
Les raisons de son déclin sont multiples, à commencer par la chasse illégale, la pêche accidentelle ou la contamination au mercure. Le changement climatique représente également une menace grandissante. A l’automne 2023, plus de 330 dauphins de rivière sont morts pendant une période de chaleur et de sécheresse extrêmes.
Les tortues marines
Elles peuplent nos océans depuis plus de 150 millions d’années. Victimes de la pollution, du réchauffement climatique et de la pêche intensive, les tortues marines n’en mènent pas large actuellement avec six des sept espèces qui sont considérées comme menacées ou gravement menacées. C’est notamment le cas de la tortue imbriquée, reconnaissable à son bec crochu. Sur l’île Milman, au nord de la Grande Barrière de corail en Australie, le nombre de femelles nicheuses a dégringolé de 57 % depuis 1990 alors même que cette réserve marine bénéficie du plus haut niveau de protection. Selon WWF, « les scientifiques estiment que cette espèce du nord-est de l’Australie pourrait s’éteindre localement dès 2036 ».
Les manchots de l’Antarctique
L’Antarctique fond sous l’effet du réchauffement climatique et cela se ressent sur les populations de manchots qui déclinent inexorablement. WWF prend l’exemple du manchot à jugulaire, présent dans 94 colonies et dont le nombre a été réduit de 61 % en quarante ans. La faute à la diminution dans les eaux du krill, sa principale source de nourriture. Le manchot passant plus de temps à chercher de quoi de manger, cela augmenterait ainsi « le risque d’échec de la reproduction », alerte l’ONG internationale.
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