Éolien en mer : Où seront implantés les futurs parcs au large de nos côtes ?
VIVE LE VENT•Attendu de pied ferme par les industriels, le gouvernement devrait dévoiler ce jeudi la carte des futures zones d’implantationJérôme Gicquel
L'essentiel
- Le gouvernement devrait dévoiler ce jeudi la carte des futurs emplacements des parcs éoliens en mer.
- Très en retard sur ses voisins européens, la France veut accélérer sur cette énergie renouvelable et ambitionne d’atteindre une puissance de 45 gigawatts en 2050, contre seulement 1,5 aujourd’hui.
- Mais la contestation ne faiblit pas autour de ces parcs offshore avec une grande manifestation prévue le 19 octobre devant toutes les préfectures.
La date est cochée dans l’agenda de tous les acteurs de la filière depuis plusieurs semaines. Après cinq mois de débats publics sur la planification maritime, c’est ce jeudi que l’État devrait dévoiler sa carte des « zones propices à l’éolien en mer » à horizon dix ans et à horizon 2050. Autrement dit où seront implantés les futurs parcs posés ou flottants au large des côtes françaises. « C’est une date très importante et on espère qu’elle ne sera pas repoussée même si on sait très bien que cela arrive juste après la nomination du nouveau gouvernement », indique Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables.
S’il est si pressé, c’est que la France « est très à la bourre » par rapport à ses voisins européens sur l’éolien en mer. Malgré son immense littoral, elle fait même figure de nain avec seulement trois parcs opérationnels : celui de Saint-Nazaire, mis en service en 2022, et ceux de Saint-Brieuc et de Fécamp, tous deux inaugurés récemment.
En tout, 213 éoliennes offshore pour une puissance installée de 1,5 gigawatt. Ce qui est peu par rapport aux 5.800 turbines implantées en Europe, Royaume-Uni inclus, avec une puissance de 30 gigawatts. Et surtout très loin des objectifs affichés par le gouvernement français d’atteindre 18 gigawatts en 2035 et 45 en 2050, soit « une cinquantaine de parcs », selon Jules Nyssen.
Les quatre façades maritimes concernées
Certains sont déjà en cours de construction comme ceux de Yeu-Noirmoutier, Le Tréport ou Oléron. Et d’autres déjà identifiés et attribués comme Dunkerque, Belle-Ile ou celui au large du Cotentin. Pour accélérer la cadence, Emmanuel Macron a également annoncé fin novembre aux assises de la mer à Nantes le lancement en 2025 d’un énorme appel d’offres de dix gigawatts, soit « une dizaine de parcs qui entreront en vigueur en 2030-2035 ». Et d’autres suivront encore si la France veut tenir ses objectifs sur les énergies renouvelables.
Mais reste à savoir où ? « Les quatre façades maritimes (Manche Est/Mer du Nord, Nord Atlantique/Manche Ouest, Sud Atlantique et Méditerranée) auront des éoliennes mais il faut trouver un traitement équitable pour que chacun prenne sa part, souligne Michel Gioria, délégué général de France Energie Eolienne. Il faudra aussi un équilibre entre l’éolien posé et le flottant. »
« Une feuille de route claire et des volumes ambitieux »
Impatients de connaître les plans du gouvernement, les industriels sont déjà dans les starting-blocks. « On a essuyé les plâtres car l’État n’était pas prêt, indique Stéphane Alain Riou, directeur offshore d’Iberdola France, l’exploitant du parc éolien en mer de Saint-Brieuc. Mais la filière s’est structurée et on attend désormais une feuille de route claire et des volumes ambitieux car il y a plusieurs milliers d’emplois en jeu. » Adoptée le 10 mars 2023, la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables va en tout cas dans leur sens puisqu’elle vise à simplifier les procédures et à réduire les contentieux.
Dorénavant, les opposants à l’éolien en mer ne pourront déposer un recours que devant le Conseil d’État alors qu’ils passaient jusqu’alors par la justice administrative en premier lieu. Une restriction du droit au recours en somme qui devrait permettre de « gagner entre trois et quatre ans sur chaque projet », selon Michel Gioria.
Les opposants toujours vent debout
Eric Guillot ne partage pas cet enthousiasme. Fervent opposant au projet au large de Groix et Belle-Ile, le président de l’association Préserver l’identité environnementale de la Bretagne sud et des îles contre l’éolien en mer (Piebîem) craint en effet que ce changement de réglementation calme les ardeurs. « En passant directement par la case Conseil d’État, cela va coûter plus cher en frais d’avocats et il faudra que les dossiers soient encore plus solides », estime-t-il.
Malgré ces vents contraires, Eric Guillot n’en démord pas et continue, comme d’autres, de lutter contre l’implantation de parcs éoliens au large des côtes. Pour « leur impact visuel » déjà. « Si on ne fait rien, on aura plus de 300 éoliennes au large de la Bretagne sud en 2050 », prévient-il. Il y a aussi les menaces qui pèsent sur la biodiversité « avec des conséquences dramatiques sur la faune et la flore ». Le président de Piebîem met enfin en doute cette énergie verte « qui est irrégulière, non pilotable et non stockable », estimant que d’autres alternatives existent comme « le nucléaire, la géothermie ou l’hydroélectricité ».
Réunis dans différents collectifs, tous les anti-éoliennes ont d’ailleurs prévu de se rassembler le 19 octobre devant toutes les préfectures pour « demander un moratoire sur l’éolien en France et l’arrêt des projets en cours et à venir ». En mer ou sur terre, le vent de contestation n’a donc pas fini de souffler.
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