BiodiversitéConsidérée comme éteinte depuis 1990, cette plante a été réintroduite

« On n’avait jamais vu ça »… Considérée comme éteinte depuis 34 ans, cette plante a été réintroduite

BiodiversitéLa réintroduction du Cylindrocline de Lorence a été possible grâce au travail du Conservatoire botanique national (CBN) de Brest (Finistère) et représente une première utilisation réussie de biotechnologies in vitro pour protéger la biodiversité
Le Cylindrocline de Lorence a pu être réintroduit grâce au Conservatoire botanique national (CBN) de Brest (Finistère). (illustration)
Le Cylindrocline de Lorence a pu être réintroduit grâce au Conservatoire botanique national (CBN) de Brest (Finistère). (illustration) - Manfredrichter / Pixabay
20 Minutes avec agence

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L’île Maurice a bien changé depuis sa découverte par les navigateurs européens il y a 400 ans. Au-delà des espèces animales disparues, comme le fameux dodo, sa végétation originelle a perdu plus de 97 % de sa surface. Un pourcentage qui vient d’évoluer. Le Cylindrocline de Lorence, considéré comme éteint à l’état sauvage depuis 1990, a été dernièrement réintroduit grâce aux biotechnologies, comme l’explique Ouest-France.

« On n’avait jamais vu ça. Leur développement est meilleur que tout ce qu’on a connu », a exprimé Stéphane Buord, directeur scientifique du Conservatoire botanique national (CBN) pour les actions internationales. Le petit arbuste sauvé porte le nom scientifique de Cylindrocline lorencei. Cette plante de la famille des astéracées mesure entre deux à trois mètres de hauteur, détaille National Geographic. Elle est endémique à l’île Maurice et se trouvait même seulement sur le site de la Plaine Champagne dans le Parc national de Rivière Noire.

Il recueille près de 50 graines

En raison de la déforestation et de la colonisation d’espèces végétales envahissantes, comme le goyavier de Chine, l’arbuste a donc failli disparaître. Le dernier spécimen en milieu naturel avait été observé en 1973. En 1977 et 1982, Jean-Yves Lesouef, le fondateur du CBN de Brest (Finistère) était alors venu recueillir une cinquantaine de graines des deux derniers plants connus de cette espèce. Après sa disparation officielle en 1990, des botanistes avaient ensuite tenté de cultiver des plants, sans y parvenir, en raison des besoins en eau et du manque de viabilité des graines.

C’est à ce moment où Stéphane Buord a eu l’idée de faire appel aux biotechnologies de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) de Ploudaniel. Dès 1993, des cellules d’embryons de Cylindrocline lorencei ont été cultivées in vitro, donnant lieu à la naissance en serre de plantes qui ont survécu jusqu’en 2008. In extremis, des bourgeons ont été récupérés et grâce à une collaboration avec le centre de ressources technologiques breton Végénov, ils ont pu être multipliés, donnant lieu à 300 mini-plants en tubes à essai.

Un mètre de haut cet été

Grâce à ce succès, un retour de la plante sur l’île a finalement pu être envisagé. Après un premier essai de 30 plants qui s’était soldé par un échec en 2011, d’autres plants ont été envoyés à partir de 2018 dans un site de la réserve naturelle de Pétrin préservé des plantes invasives. Et cette fois, les plants ont survécu.

Venue en observation le 4 juillet 2024, l’équipe de Brest a pu constater qu’ils atteignent déjà un mètre de haut. Sur la base de cette première utilisation réussie de biotechnologies in vitro pour protéger la biodiversité, le CBN travaille désormais au sauvetage de Hyophorbe amaricaulis, un palmier endémique de l’île Maurice dont il ne reste plus qu’un seul individu.