La météo a été plutôt maussade cet été en Bretagne. Pas la meilleure nouvelle pour les professionnels du tourisme. Mais voyons le positif. Avec un ensoleillement limité et des chaleurs en berne, la région a pu limiter la casse sur son fléau. La prolifération des algues vertes a été inférieure à la moyenne cette année, avec des échouages de l’ordre de 20 à 25 % de moins que la moyenne annuelle. Ces données ont été établies par le Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva), qui mène un vol chaque mois entre avril et octobre pour évaluer la situation.

Cette baisse est-elle liée à un repli des concentrations en nitrates dans les rivières bretonnes ? Peut-être par endroits mais il serait risqué de l’affirmer. Non. Si les échouages sont en baisse cette année, c’est avant tout parce que les conditions météorologiques étaient défavorables. D’abord parce que l’hiver 2023 avait été tempétueux, contribuant à une meilleure dispersion des ulves au large, retardant fortement la reprise de la prolifération au printemps. Les craintes étaient pourtant grandes, les surfaces d’algues vertes inédites relevées en octobre 2023 étant trois fois supérieures à la moyenne.

Mais Saint-Brieuc n’a pas été épargné…

Le problème, c’est que ce déstockage n’a pas servi la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), qui n’a pas profité du phénomène et vécu, encore une fois, un été dans les algues. Rappelons que ces masses vertes peuvent se révéler dangereuses pour la santé lorsqu’elles entrent en putréfaction, libérant de l’hydrogène sulfuré, un gaz qui peut se révéler mortel et a déjà tué des animaux et sans doute des humains.

Si les algues vertes prolifèrent en Bretagne, c’est avant tout en raison des épandages de lisier et de l’utilisation des pesticides dans les champs du grenier de la France. Avec des eaux chargées en nitrates, les rivières se déversant dans la baie avec une forte teneur en phosphore, qui contribue à la prolifération des algues dans les baies sableuses peu profondes.

La situation s’est améliorée ces vingt dernières années, la plupart des cours d’eau ayant vu leur concentration d’azote baisser fortement, mais « on est encore dans la zone de turbulence, dans la zone de danger », souligne Sylvain Ballu, ingénieur du CEVA.