MODIFICATION« L’océan Atlantique se refroidit », affirmait un article au titre imprécis

« L’océan Atlantique se refroidit », affirmait un article ne concernant en fait qu’une seule zone

MODIFICATIONUne constatation effectuée dans un contexte particulier et dans une zone précise de l’océan a été relayée par des climatosceptiques comme un phénomène universel apportant du poids à leurs affirmations
« Courrier International » et « NewScientist » ont apporté des changements au titre de leurs articles respectifs. (illustration)
« Courrier International » et « NewScientist » ont apporté des changements au titre de leurs articles respectifs. (illustration) - Tarkan A Bilge/British Antarctic Survey/Cover ImagesCOVER/SIPA
20 Minutes avec agence

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L’hebdomadaire scientifique britannique New Scientist avait publié le 19 août 2024 un article dont le titre était : « L’Atlantique se refroidit à une vitesse record et personne ne sait pourquoi. » Repris dès le lendemain par Courrier International, l’article et son titre désormais consultables en archive seulement ont rapidement été diffusés comme preuve dans les sphères climatosceptiques. Pourtant, rien n’y remet en cause le phénomène du dérèglement climatique, comme l’explique TF1 Info.

Dès son ouverture, l’article apporte d’ailleurs une précision fondamentale : seule une partie de l’océan Atlantique se refroidit. En effet, comme l’a indiqué une note du blog de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) dont est issue cette information, si « une grande partie de l’Atlantique Nord a connu des températures extrêmement élevées » depuis début 2023, « depuis le début du mois de juin, la température de surface de la mer dans le centre de l’Atlantique équatorial a été de 0,5 à 1,0 degré plus froid que la moyenne pour cette période de l’année ».

Une région qui correspond à 20 % de l’océan

Cette région, qui correspond à 20 % de l’océan d’après Laurent Bopp, directeur de recherche au CNRS, se distingue par un phénomène similaire à El Niño et La Niña dans le Pacifique, précise Espace des Sciences. Pour rappel, il s’agit d’un cycle lié à la circulation des vents et des courants amenant une oscillation des températures de l’eau. Or, en ce moment, la phase particulièrement chaude, El Niño, laisse place à La Niña, particulièrement froide. Ce que constate la NOAA, via Franz Philip Tuchen, océanographe à l’Université de Miami (Etats-Unis), c’est que « jamais auparavant dans les données observées l’Atlantique équatorial oriental n’avait basculé aussi rapidement d’un événement extrême à un autre ».

Cette observation n’a pas vocation à remettre en cause le réchauffement climatique et peine seulement à être expliquée par l’absence de vents forts accompagnant le refroidissement, a commenté Laurent Bopp. Des climatosceptiques ont cependant partagé cette information comme une preuve irréfutable. « Après quinze mois de surchauffe mondiale des océans, l’océan Atlantique, deuxième océan de la planète, se refroidit plus rapidement que jamais », a par exemple affirmé ce mercredi l’Association des Climato-Réalistes, dans un message.

Dans ce sillage, plusieurs figures politiques associées à l’extrême droite souverainiste et au complotisme s’en sont également emparées. « Nouveau bug dans le narratif du réchauffement », a ainsi réagi François Asselineau. « Voilà qui devrait appeler à la modestie ceux qui prétendent tout comprendre au climat », a de son côté ajouté Florian Philippot. Aux États-Unis, des publications relatives à cette information et issues de la sphère pro-Trump ont été vues jusqu’à deux millions de fois. New Scientist et Courrier International ont quant à eux choisi modifier le titre de leur article.