oiseauxAttention à ne pas piétiner ces œufs (invisibles) pondus sur les plages

« Certains sont piétinés… » Attention aux œufs (invisibles) pondus sur les plages

oiseauxCertains oiseaux marins, comme le gravelot à collier interrompu, pondent directement sur le sable. Avec le risque de se faire piétiner par les promeneurs, alertent les autorités
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Les oiseaux marins comme le gravelot à collier interrompu ont commencé à pondre leurs œufs en toute discrétion sur les côtes françaises.
  • Depuis quelques années, les autorités sensibilisent les promeneurs et vacanciers au risque de piétinement, afin de préserver les espèces.

Ils ne sont pas plus gros qu’un œuf de caille et leurs teintes grises et beiges se fondent parfaitement dans leur environnement… Depuis quelques semaines, des oiseaux marins ont pourtant commencé à pondre leurs œufs en toute discrétion sur les côtes françaises. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, certains nichent en plein milieu de la plage, dans des nids très peu sophistiqués. C’est le cas du gravelot à collier interrompu.

« Il n’a besoin que d’une simple cuvette dans le sable, sans paille ni quoi que ce soit, décrit Sophie Poncet, chargée de mission oiseaux et mammifères marins à l’Office français de la biodiversité (OFB). Ses œufs sont mimétiques pour être le plus invisibles possible des prédateurs, que sont les corneilles et les goëlands. D’où le problème… »

Il y a un risque d'écraser les oeufs et les poussins
Il y a un risque d'écraser les oeufs et les poussins - S. Poncet

Le problème, c’est que s’il se protège des ennemis en se camouflant, le gravelot s’en crée d’autres : les humains. Nombreux à affluer sur les plages pendant ces vacances scolaires, ils représentent une réelle menace pour ces petits oiseaux blanc et marron qui resteront dans les parages jusqu’au mois d’août. D’où la nécessité de faire très attention à l’endroit où l’on pose ses pieds et sa serviette. « Il y a un risque de les piétiner, les œufs mais aussi les poussins, confirme Sophie Poncet. Ce qui est problématique car il s’agit d’une espèce protégée au niveau français et européen. Pour le gravelot à collier interrompu, on recense entre 1.200 et 1.500 couples seulement sur tout le territoire français. »

Balisage et cages

Afin de préserver l’espèce, mais aussi d’autres oiseaux particulièrement exposés comme les sternes ou les huitriers, les autorités ont lancé depuis plusieurs années l’opération « On marche sur les oeufs », dont la nouvelle édition vient de démarrer. Objectif : sensibiliser les promeneurs et vacanciers à ce phénomène, afin de déranger le moins possible la nidification. Déjà, des mesures de protection ont été mises en place sur de nombreuses plages comme le balisage de nids, mais aussi la pose de cages anti-prédation dans laquelle les oiseaux peuvent se réfugier.

Suivies d’effets puisqu’elles ont montré « un succès de reproduction de 86 % pour les nids protégés, contre 30 % pour les autres ». En 2023, 33 poussins gravelot à collier interrompu sont par exemple nés sur la zone du parc marin du bassin d’Arcachon, contre 19 en 2022. « Les gens sont dans l’ensemble attentifs, respectent les signalétiques, mais il reste encore un gros problème avec les chiens, observe Sophie Poncet. Il faut vraiment veiller à les garder en laisse. La plage est un espace de liberté mais c’est aussi un espace de vie pour les oiseaux. »

Les « fat bikes » électriques qui apparaissent sur les plages et les dunes inquiètent aussi les autorités. Elles rappellent que la destruction ou la perturbation intentionnelle d’espèces protégées sont des délits passibles de trois ans de prison et de 150.000 euros d’amende.