ArgentLa fast fashion n’épargne même pas notre santé

La fast fashion n’épargne même pas notre santé

ArgentFace aux ravages environnementaux et humains des enseignes de prêt-à-porter qui renouvellent quasi chaque semaine leurs collections, des députés proposent de durcir le système de bonus-malus légal afin de les inciter à ralentir leur rythme effréné
Julie Polizzi pour 20 Minutes

Julie Polizzi pour 20 Minutes

Heureux de profiter de collections de vêtements renouvelées sans cesse ? Cette démultiplication de l’offre alourdit encore l’empreinte environnementale déjà considérable de l’industrie textile, sans même parler des conditions de travail indignes des ouvriers. C’est pourquoi de plus en plus de voix s’élèvent contre la fast fashion, cette mode du jetable qui consiste à renouveler toutes les semaines ou deux semaines les collections de prêt-à-porter, le tout proposé à bas coût mais aussi avec une piètre qualité.
Comme le rappelle l’organisation internationale Oxfam, « cette production et surconsommation de masse sont à l’origine du désastre socio-environnemental de l’industrie textile ». Bien loin des deux collections annuelles produites traditionnellement pour l’automne et l’été, cette tendance de la mode rapide et jetable a provoqué une explosion de la production : « environ 130 milliards de vêtements sont consommés par an. Leur production a doublé entre 2000 et 2014 », dénonce l’Oxfam. De même, 4 milliards d’équivalents CO2 sont émis chaque année par le secteur textile selon la confédération. Même notre santé n’est pas épargnée, comme l’a démontré une enquête de Greenpeace Allemagne publiée en 2022 qui, après avoir analysé 47 produits de la marque d’ultra-fast fashion Shein, a découvert que 32 % contenaient « des produits chimiques dangereux à des niveaux inquiétants ».

Une fiscalité dissuasive pour tempérer la fast fashion
Une fiscalité dissuasive pour tempérer la fast fashion - iStock / City Presse

Des propositions sur la table

La loi Antigaspillage pour une économie circulaire de 2020 a déjà mis en place un système de bonus-malus qui module les éco-contributions que les marques doivent verser à l’éco-organisme agréé Refashion, en fonction de critères de performance environnementale. Dans ce cadre, la pénalité peut atteindre 20 % du prix de vente hors taxes d’un produit.
Mais des élus veulent à présent aller plus loin, afin que la législation soit réellement dissuasive. Le groupe parlementaire Horizons et apparentés a ainsi déposé le 30 janvier une proposition de loi à l’Assemblée nationale visant « à interdire la publicité pour les entreprises et les produits relevant de la mode éphémère », mais aussi à moduler les pénalités applicables à ce type de produit « selon une trajectoire progressive aboutissant à une pénalité maximale de 10 € par produit en 2030 ». De son côté, le député Antoine Vermorel-Marques (Les Républicains) a médiatisé sa propre proposition de loi en l’annonçant à travers une vidéo TikTok reprenant les codes des influenceurs et publiée le 13 février. Son texte, enregistré le 5 mars par l’Assemblée nationale, vise à instaurer une pénalité pouvant atteindre 5 € par produit pour les marques qui commercialisent plus de 1.000 nouveaux modèles par jour, à l’instar de Shein qui ajoute plus de 7.200 nouvelles références quotidiennes en moyenne, pour un total de près de 500.000 modèles de vêtements sur son site, d’après une enquête de l’association Les Amis de la Terre.
Soutenues par le gouvernement et une bonne partie de la classe politique, ces propositions sont en cours d’examen au Parlement.