OcéansLa population de requins en chute libre malgré les réglementations

Biodiversité : La population de requins en chute libre malgré les règles sur la pêche

OcéansPlus de 80 millions de requins ont été tués par la pêche en 2019
Le super-prédateur des mers n'est pas habitué à devoir se cacher ou se protéger.
Le super-prédateur des mers n'est pas habitué à devoir se cacher ou se protéger. - Canva
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Bientôt, l’expression « requin de la finance » n’aura plus rien de menaçant, tant l’animal-totem des Dents de la Mer est menacé. Selon un rapport établi par des chercheurs dans la revue Science, le nombre de requins tués par la pêche est passé de quelque 76 millions par an à plus de 80 millions entre 2012 et 2019. Au moins 25 millions d’entre eux appartenaient à des espèces menacées.

Aujourd’hui, 70 % des pays et des juridictions ont mis en place des réglementations de protection interdisant l’enlèvement des nageoires de requin, qui consiste à rejeter les grands prédateurs dans l’océan et à les laisser mourir une fois que leurs nageoires ont été enlevées. Mais certaines de ces règles, qui ont vu le jour dans les années 1990, ont eu des conséquences inattendues qui coûtent la vie à un nombre encore plus grand de requins, comme le révèlent de nouvelles données.

Effet pervers

L’enlèvement des nageoires, très appréciées sur le marché asiatique, a légèrement diminué au cours des deux dernières décennies, mais les politiques obligeant les pêcheurs à débarquer les requins entiers ont involontairement encouragé le marché de la viande de requin. « Ces mesures n’ont pas été la solution miracle que nous espérions », a expliqué à l’AFP l’auteur de l’étude, Laurenne Schiller.

Les chercheurs ont passé trois ans à collecter des données sur les réglementations en matière de pêche et sur la mortalité des requins. Ils ont été surpris d’apprendre « à quel point le commerce de la viande, de l’huile et du cartilage de requin est répandu et comment les requins apparaissent dans de nombreux produits sans que les consommateurs en soient conscients », a déclaré Boris Worm, l’auteur principal de l’étude.

Les requins « pas préparés à nous affronter »

Les pêcheries capturent désormais plus souvent des requins plus petits en raison du déclin du commerce des ailerons et de la diminution des grands requins. Dans les zones où la mortalité des requins est la plus élevée, les chercheurs ont constaté une plus grande utilisation des filets maillants (filets suspendus dans l’eau) et des chaluts (filets lourds traînés au fond de l’océan).

Bien qu’ils soient des grands prédateurs, les requins sont très vulnérables, fait valoir Laurenne Schiller. « Les requins ont passé plus de 99 % de leur temps sur Terre dans un océan dépourvu d’êtres humains : ils n’étaient donc pas préparés à nous affronter ». Les requins sont pourtant essentiels à la santé des océans. « La disparition de ces espèces peut perturber l’équilibre de l’écosystème marin », a-t-elle estimé. Or, un requin sur trois dans le monde est menacé d’extinction.