Crise du vin dans le Bordelais : Le dispositif sanitaire d’arrachage ouvert pour un mois
VITICULTURE•Le décret d’application du dispositif d’arrachage sanitaire de vignes en Gironde a été publié dimanche au Journal officiel, et celui-ci s’ouvre ce lundi pour une durée d’un moisMickaël Bosredon
L'essentiel
- «Le guichet de demandes définitives d’arrachage de vigne est ouvert pour un mois à compter du lundi 20 novembre » a annoncé dimanche la préfecture de la Gironde.
- L’objectif de ce plan d’arrachage jusqu’à 9.500 hectares de vigne, est de « dédensifier le vignoble bordelais afin d’enrayer la progression de la flavescence dorée [une des maladies les plus dommageables du vignoble]. »
- Selon que les viticulteurs souhaitent ou non poursuivre une activité viticole ou agricole, les modalités d’accès à la prime ne sont pas les mêmes, or à ce jour, le plan s’annonce déséquilibré, la majorité des demandes portant sur de la diversification.
Approuvé par la Commission européenne le 3 novembre dernier, le dispositif d’arrachage sanitaire de vignes en Gironde a vu son décret d’application paraître au Journal officiel dimanche. « Le guichet de demandes définitives d’arrachage est ouvert pour un mois à compter du lundi 20 novembre » annonce la préfecture. 20 Minutes fait le point sur la situation.
Pourquoi arracher des vignes ?
L’objectif est de « dédensifier le vignoble bordelais afin d’enrayer la progression de la flavescence dorée [une des maladies les plus dommageables du vignoble] » rappelait la préfecture de la Gironde le 12 octobre dernier. Ayant essuyé différentes crises ces dernières années, nombre de viticulteurs girondins ont dû abandonner une partie de leur exploitation viticole, ce qui a favorisé la progression de cette maladie. Le plan d’arrachage concerne au final quelque 9.500 hectares de vigne dans le Bordelais, vignoble qui s’étend sur 110.000 hectares. Plusieurs professionnels alertent toutefois sur la situation économique des petits viticulteurs du Bordelais, notamment en raison de la baisse de consommation de vin rouge en France, ce qui pourrait entraîner d’autres abandons de parcelles dans les prochaines années. Bernard Farges, vice-président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), plaide de son côté pour « davantage de diversification » au sein des vins de Bordeaux, comme il l’expliquait à 20 Minutes en février dernier.
Comment est financé ce plan d’aide à l’arrachage des vignes ?
L’aide à l’arrachage sanitaire des vignes en Gironde est un nouveau dispositif d'une enveloppe globale de 57 millions d’euros, financé par l’État d’une part, et par le CIVB d’autre part. L’aide du CIVB qui se monte à 19 millions d’euros, concerne les viticulteurs qui souhaitent développer une nouvelle activité agricole, quand l’aide de l’Etat, de 38 millions d’euros, concerne les viticulteurs qui souhaitent arrêter toute activité agricole. Ce dispositif vise à arracher jusqu’à 9.500 hectares aidés à hauteur de 6.000 euros par hectare.
Comment va fonctionner ce plan pour les viticulteurs ?
Selon que les viticulteurs souhaitent ou non poursuivre une activité viticole ou agricole, les modalités d’accès à la prime ne sont pas les mêmes. En cas d’arrêt total, pour bénéficier de l’aide à la renaturation financée par l’État, le vigneron s’engage à arracher de façon irréversible les parcelles éligibles, avec obligation de les reboiser ou de convertir en zone naturelle pour une période minimale de 20 ans. L’aide financée par le CIVB accompagne, elle, une diversification des cultures (qui peut être notamment le kiwi, l’olivier, le chanvre…) pour ceux qui veulent continuer.
Qui sont les candidats à l’arrachage ?
Près de 1.100 demandes d’autorisation d’arrachage ont déjà été déposées, soit environ 20 % des viticulteurs de Gironde, 300 professionnels ayant même déclaré vouloir cesser toute activité viticole ou agricole. Ces demandes devront être officialisées via le guichet unique qui s’ouvre lundi. Problème, en l’état actuel, le plan s’annonce déséquilibré, puisque à ce jour « les demandes de diversification (…) excèdent les 19 millions d’euros disponibles [enveloppe du CIVB] » indique la préfecture, quand l’enveloppe de l’Etat de 38 millions d’euros (pour renaturer les sols) est loi d’être atteinte. C’est pourquoi « seules les demandes de diversification déposées lors de la précandidature sont aujourd’hui éligibles à ce volet, dans la limite des surfaces totales indiquées par dossier », précise la préfecture.
À la fin de la période de dépôt des demandes, les demandeurs éligibles recevront alors une Autorisation de Commencement des Travaux (ACT) pour procéder à l’arrachage, avant le 31 mai 2024.
Le guichet de demandes d’aides est accessible par le lien suivant : https://www.gironde.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Agriculture-viticulture-foret/Dispositif-d-arrachage-sanitaire-des-vignes-en-Gironde
À lire aussi