Bretagne : 150.000 euros d’amende pour Engie après la pollution de son méthaniseur
Environnement•Le dysfonctionnement avait entraîné la pollution d’un fleuve qui avait privé d’eau potable 180.000 personnes en août 2020 autour de ChâteaulinC. A. avec AFP
C’est une goutte d’eau dans le budget global du géant énergétique français. Reconnue coupable d’une pollution générée par son méthaniseur de Châteaulin, dans le Finistère, la société Engie vient d’écoper d’une amende de 150.000 euros. Un montant moitié moins élevé que l’amende maximale prévue par le droit français qui se chiffre à 375.000 euros. Cette goutte d’eau sera facilement noyée dans les lignes budgétaires de l’entreprise qui affichait 94 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022. D’autant qu’Engie n’aura pas à verser la totalité s’il se tient à carreau, un tiers de l’amende étant assorti du sursis.
Si la justice a décidé de s’en prendre au groupe énergétique en partie détenu par l’Etat français, c’est pour la pollution d’un fleuve qui avait privé d’eau potable 180.000 personnes en août 2020. Lors de l’audience, le parquet avait pointé la « négligence » de la société dans cette affaire. « Le montant de l’amende semble à la hauteur des faits », s’est félicitée Morgane Quintard, juriste pour l’association de défense de l’environnement Bretagne Vivante.
L’association Eau et Rivières de Bretagne, qui s’était battue pour obtenir un procès public, a aussi exprimé sa satisfaction. « C’est important qu’il y ait eu une condamnation, que la justice ait été rendue publiquement, avec pédagogie », a souligné Arnaud Clugery, porte-parole de l’association.
Un pic d’ammoniaque dans l’eau
Le 17 août 2020, une cuve du méthaniseur, qui injecte dans le réseau gazier du méthane produit à partir de fumier, de lisier ou de déchets de l’industrie agroalimentaire, avait débordé à la suite d’un incident technique. Environ 400 m3 de digestat, une matière organique issue du processus de méthanisation, s’étaient écoulés dans l’Aulne, en amont d’une usine d’eau potable, provoquant un pic d’ammoniaque et rendant l’eau impropre à la consommation.
La société était notamment poursuivie pour « déversement de substances nuisibles dans les eaux souterraines, superficielles ou la mer » et « pollution par rejet en eau douce ou pisciculture de substances nuisibles aux poissons ». Lors de l’audience du 28 septembre, Antoine de La Faire, directeur général d’Engie Bioz, avait reconnu un « problème de conception » dans cette « filière récente » qui est « en amélioration continue ».