Tempête Ciaran : « C’était comme un sage, un confident »… La forêt de Brocéliande pleure son légendaire hêtre de Ponthus
RIP•L’emblématique arbre aux branches tentaculaires n’a pas résisté à la violence de la tempêteJérôme Gicquel
L'essentiel
- En forêt de Brocéliande, le célèbre hêtre de Ponthus n’a pas résisté à la tempête Ciaran, fendu en deux par la violence des vents.
- Amoureux de cet arbre qu’il a photographié des dizaines de fois, Philippe Manguin lui rend hommage.
- « Cet arbre paraissait tellement fort, insubmersible, raconte-t-il. C’était un balèze qui ne pouvait pas tomber »
Comme des milliers d’autres arbres, il n’a pas résisté aux coups de boutoir de la tempête Ciaran. En forêt de Brocéliande, le célèbre hêtre Ponthus n’est plus, fendu en deux par la violence des vents qui ont secoué tout le quart nord-ouest de la France dans la nuit de mercredi à jeudi. Situé à proximité de la fontaine de Barenton, dans la légendaire forêt bretonne, l’arbre aux branches tentaculaires était selon la légende le gardien des ruines du château de Ponthus.
Inscrit au registre des arbres remarquables de Bretagne, il était âgé d’environ 300 ans selon certains. Beaucoup moins selon Philippe Manguin. « Le propriétaire de la parcelle sur laquelle il se trouvait m’a confié un jour qu’il avait à peine 80 ou 100 ans », indique le photographe, qui avait fait de cet arbre emblématique sa muse. « Je l’ai vu pour la première fois en 2005, raconte-t-il au téléphone. C’était une rencontre assez incroyable. Il avait une telle prestance avec ses branches qui lui donnaient un air de pieuvre et cette envergure complètement folle. »
« C’était un balèze qui ne pouvait pas tomber »
Tombé sous le charme, comme de nombreux visiteurs de la forêt, Philippe Manguin n’a depuis cessé de photographier l’arbre. Un hêtre qui était pour lui une source d’inspiration et un véritable « symbole » de la forêt. « Beaucoup de locaux ou d’amoureux de la forêt allaient se ressourcer auprès de lui, indique-t-il. C’était comme un sage, un confident. » Malmené par les précédentes tempêtes et fragilisé par des pourritures liées à l’âge, l’arbre majestueux n’a cette fois pas résisté à la puissance de Ciaran. « Quand j’ai appris cela, cela a été un choc total, confie le photographe. Cet arbre paraissait tellement fort, insubmersible. C’était un balèze qui ne pouvait pas tomber et tout le monde pensait qu’il allait nous survivre. »
En deuil comme s’il avait perdu « un membre de sa famille », Philippe Manguin n’a pas encore eu la force d’aller dire adieu à sa muse. « J’y retournerai peut-être un jour mais pas tout de suite, assure-t-il. Et encore je ne sais même pas car cela pourrait être encore plus douloureux qu’autre chose. »