Tempête Ciaran : « Une violence indescriptible »… Le maire du Conquet encore sous le choc
INTERVIEW•Comme de nombreuses communes du littoral breton, le port du bout du monde a subi d’importants dégâts avec le passage de la tempête CiaranPropos recueillis par Jérôme Gicquel
L'essentiel
- Comme de nombreuses communes du Finistère, Le Conquet a subi d’importants dégâts après le passage de la tempête Ciaran dans la nuit de mercredi à jeudi.
- L’église de la commune a notamment été endommagée ainsi que de nombreuses exploitations agricoles.
- Le maire Jean-Luc Milin revient pour 20 Minutes sur cette nuit dantesque.
Située à la pointe bretonne, la commune du Conquet (Finistère) est habituée aux coups de vent. Mais de l’aveu même de son maire, jamais le port du bout du monde n’avait connu une aussi violente tempête. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la tempête Ciaran a littéralement balayé le littoral finistérien avec une rafale record de 193 km/h enregistrée à la pointe Saint-Mathieu, à proximité du Conquet. Au lendemain de la tempête, Jean-Luc Milin est sur tous les fronts pour constater l’ampleur des dégâts sur sa commune. Entre deux visites chez des habitants sinistrés, il a accepté de répondre aux questions de 20 Minutes.
Comment avez-vous vécu cette nuit cauchemardesque ?
J’étais chez moi calfeutré avec le téléphone près de moi. J’étais très angoissé, ma maison craquait de partout et j’ai eu peur que ma toiture s’envole. Cela fait 40 ans que j’habite le Conquet et je n’ai jamais connu ça. C’était bien plus fort que lors des tempêtes de 1987 et 1999. Et bien plus long surtout. C’était vraiment très angoissant. Sur les coups de 4 heures du matin, la violence était indescriptible. Personne ici n’a jamais connu une tempête de cette ampleur.
Comment vous étiez-vous préparé à cette tempête ?
La veille, on avait réussi à dégager toutes les voitures qui étaient stationnées près du port. On avait aussi mis à l’abri tous les bateaux dans le port de Brest car notre port n’est pas bien protégé. Cela faisait bizarre d’ailleurs de voir le port vide car Le Conquet sans ses bateaux, ce n’est plus Le Conquet. On avait aussi fait le tour de la commune avec les services techniques pour ramasser tout ce qui pouvait s’envoler.
Malgré cela, votre commune a connu d’importants dégâts…
Oui, on a bien dégusté ! Il faut dire qu’on était en première ligne aussi. On a une palanquée d’arbres qui sont tombés sur la chaussée. Le parc qui borde la mairie est bien saccagé. Il y a encore des endroits où la circulation est impossible, notamment au niveau de la presqu’île de Kermorvan. Nos employés essaient de dégager un peu les chemins mais ils sont débordés et cela prend du temps. Beaucoup d’habitations ont aussi été touchées, certains ont retrouvé le toit de leur maison dans le jardin des voisins. Il y a eu beaucoup de dégâts également sur les exploitations agricoles avec des toits de hangars qui se sont envolés. Je vais d’ailleurs voir une famille d’agriculteurs qui a perdu ses serres et son hangar, c’est très dur pour eux.
L’église de la commune a également souffert…
Oui, elle est bien abîmée. Des tuiles ont été arrachées et deux gros blocs de pierre sont tombés à l’intérieur de l’église Sainte-Croix. Par chance, l’orgue a été épargné. Et le clocher n’est pas tombé, c’est déjà ça. Mais la voûte a été sérieusement touchée et il y aura de grosses réparations à prévoir. On a du coup bloqué l’accès à l’église et fermé l’édifice car c’est trop dangereux avec un risque de chute de pierres. Et on a fait appel à une société pour vérifier la stabilité de l’ensemble. On est un peu inquiet car il y a une nouvelle tempête qui arrive derrière.
Dans cette période de crise, en quoi consiste le rôle d’un maire ?
On va voir les habitants, on fait le tour des popotes et on discute avec eux. Car certaines personnes sont vraiment désemparées, ils ont besoin de parler et d’évacuer les émotions. Et cela va prendre un peu de temps. On espère tous en tout cas que l’état de catastrophe naturelle sera reconnu. Ce serait logique vu l’ampleur des dégâts.
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