Serez-vous le meilleur naturaliste de France ?

Biodiversité : Serez-vous le meilleur naturaliste de France ?

concoursVous connaissez la faune et la flore de France sur le bout des doigts, alors ce concours est fait pour vous… Le 13 décembre, la fondation Biotope organise un grand quizz pour trouver le meilleur naturaliste de France. Interview avec son fondateur
Fabrice Pouliquen

Propos recueillis par Fabrice Pouliquen

L'essentiel

  • Les passionnés de pâtisserie ou de cuisine ont bien leurs concours du meilleur Français. Alors pourquoi pas les naturalistes, celles et ceux qui connaissent la faune et la flore de France ?
  • Pour marquer ses 30 ans, l’entreprise et fondation Biotope rectifie le tir en lançant le concours du Meilleure naturaliste de France. La première épreuve se tiendra le 13 décembre via un grand quizz en ligne, pour lequel il est déjà possible de s’inscrire.
  • Frédéric Melki, fondateur de Biotope, explique tout à 20 Minutes. Et promis, le gagnant ne repart pas seulement avec une encyclopédie.

Quel est cet oiseau qui se pose dans votre jardin ? Vous savez bien que c’est une mésange, mais laquelle ? Une bleue ? Charbonnière ? Une à longue queue ? Il y a des passionné(e) s à qui il ne faudrait que quelques secondes pour l’identifier. Et qui en feraient de même pour un grand nombre d’espèces de faune et de flore. « C’est impressionnant à voir, assure Frédéric Melki, fondateur de Biotope, bureau d’études sur les enjeux biodiversité. Il y a des naturalistes capables d’identifier un animal rien qu’en voyant son ombre. »

Alors pourquoi n’auraient-ils pas droit, à l’instar des cuisiniers, pâtissiers, agents immobiliers – et on en passe – à leur concours du meilleur naturaliste de France ? C’est ce que veut faire Biotope, en lançant un grand quizz en ligne le 13 décembre (les inscriptions ici). La première étape d’un concours qui réunira dix finalistes à Paris, en février. Frédéric Melki nous explique tout ça. Et promis, le gagnant ne repart pas seulement avec une encyclopédie.

Peut-on commencer par rappeler ce qu’est la fondation Biotope ?

Avant d’être une fondation, Biotope est une entreprise qui fête ses 30 ans cette année. On compte 800 salariés en France et à l’international, et notre cœur de métier est la biodiversité. Nous réalisons principalement des études d’impacts sur la biodiversité en amont de projets d’aménagement en tout genre [bâtiments, infrastructures routières, énergétiques…]. Nous apportons aussi notre expertise pour mieux prendre en compte les enjeux biodiversité dans ces projets.

En parallèle, depuis 2014, nous avons lancé une fondation d’entreprise dont le but est de diffuser des connaissances et questionnements de la recherche autour des enjeux biodiversité. Dans ce cadre, on publie un périodique, Les cahiers de la fondation Biotope. On apporte aussi une aide financière à des projets de préservation de la biodiversité, et on participe à de grands projets, avec des collectivités, des ONG, visant à améliorer les connaissances du monde vivant en France et à l’international.

Comment est venue cette idée d’un concours du meilleur naturaliste de France ?

On cherchait quelque chose pour marquer notre trentième anniversaire. Nous faisions le constat que rien aujourd’hui ne valorise ou récompense le savoir-faire naturaliste, cette connaissance parfois encyclopédique de certaines personnes sur la faune et la flore de France. Pourtant, je vous l’assure, c’est impressionnant de voir quelqu’un capable d’identifier un oiseau rien qu’en observant son ombre.

Le modèle, c’est « Top Chef » ou « Le meilleur pâtissier » ?

Pourquoi pas à l’avenir… Si un producteur est intéressé, on ne dira sans doute pas non. On pourrait imaginer plein d’épreuves sur le terrain, dans la nature. Et une telle émission serait l’occasion de faire de la pédagogie sur les enjeux biodiversité. Mais pour notre première édition, on ne vise pas si grand. Notre concours se fera sous la forme de quizz.

Comment se déroulera le concours ?

La première partie se déroulera en ligne, le 13 décembre. On compte déjà 330 inscrits. Pendant une demi-heure, il faudra répondre, à chaque fois dans un temps imparti pour éviter les tricheries en ligne, à toute une série de questions sur la faune et la flore de France. Sept groupes taxonomiques seront passés au crible, avec dix questions pour chacun. Des plantes aux invertébrés, en passant par les poissons, les oiseaux… A la fois métropolitaine et des outremers. La moitié du quizz sera d’un niveau qu’on pourrait dire relativement facile, et l’autre plus difficile. Et ça ne sera pas toujours des questions écrites. Pour certaines, il faudra être en mesure de reconnaître des espèces à partir de sons ou d’images. On retiendra les dix meilleurs candidats, qu’on fera venir le 19 février à l’Aquarium de la Porte Dorée, à Paris, pour le deuxième volet du concours. Toujours sur la forme d’un quizz, mais nettement plus corsé.

Tout le monde peut tenter sa chance ?

Oui, tout le monde, quel que soit son niveau. C’est certain que, sur la finale, on n’aura que des pointures. Mais il ne faut pas s’autocensurer. Tout le monde peut s’inscrire et participer. Il n’y a pas d’âge. Je connais d’ailleurs des jeunes de 15-16 ans qui ont déjà un niveau incroyable. Et puis c’est aussi le but : permettre au plus grand monde de tester ses connaissances sur la nature en France. Et pourquoi pas piquer la curiosité de certains et en faire des naturalistes en puissance.

On a un grand besoin de naturalistes aujourd’hui ?

Un immense besoin, même. La réglementation en France, et bien souvent aussi à l’étranger, impose avant tout projet d’aménagement de faire au préalable un état initial de l’environnement. En clair : un inventaire de la faune et la flore existant sur le site retenu. Pour ça, on a besoin de naturalistes.

Et puis, pour ceux qui veulent pousser les études de naturalistes, on peut devenir taxonomistes. Ces scientifiques ont pour mission de découvrir, identifier, nommer et classer les espèces sur Terre. Alors que la biodiversité s’effondre, cette classification du vivant doit être une priorité. Sans ce travail initial, des espèces disparaîtront avant même d’avoir été identifiées, avant même qu’on ait essayé de les protéger. Il n’y a rien de pire. Autant en France métropolitaine, on a à peu près une bonne connaissance de la faune et de la flore. Autant dans certains coins du globe, on en connaît à peine 10 %. Pourtant, ce sont des régions pour lesquelles existent de grands projets d’aménagement. Des mines, des barrages…

Paradoxalement, on ne forme quasiment plus de naturalistes. Depuis deux décennies, le choix a été fait, dans les universités françaises, de mettre l’accent sur d’autres enjeux forts des sciences naturelles. La biologie moléculaire, notamment. Certaines y reviennent peu à peu, mais ça reste trop timide. On le ressent bien à Biotope. Notre entreprise pourrait croître bien plus. Le problème, c’est qu’on a un mal fou à recruter des naturalistes.

Ce n’est pas tout, mais il gagne quoi, le vainqueur ?

Alors, justement, sur ce sujet, on cherche encore des partenaires. Certains ont montré déjà un fort intérêt, à commencer par le Museum national d’histoire naturelle. On aimerait en avoir quelques autres pour avoir de jolis lots. Mais on sait déjà que pour les trois premiers, la récompense sera un voyage naturaliste en Europe avec des gens de la fondation Biotope. Les sept autres finalistes auront des bons d’achats sur Club Biotope, la boutique de notre fondation spécialisé dans l’édition et le matériel scientifiques pour les naturalistes.