Pesticides : Les eurodéputés votent pour une baisse drastique de leur utilisation dans l’UE
ON AVANCE•Le texte doit encore faire l’objet d’un vote en assemblée plénière en novembre20 Minutes avec agences
Les eurodéputés ont voté mardi la réduction de moitié de l’usage des pesticides dans l’UE. Au grand dam des élus écologistes, une déclaration symbolique distincte appelant à interdire complètement le glyphosate a cependant été rejetée.
Le projet législatif sur les pesticides, proposé en juin 2022 par la Commission européenne, prévoit de réduire de moitié l’utilisation et les risques des produits phytosanitaires chimiques d’ici 2030, comparé à la période 2015-2017. Cet objectif contraignant a été repris par la commission Environnement du Parlement européen, qui élargit toutefois la période de référence.
Un texte qui divise
Ce compromis, soutenu par les élus de gauche et les centristes du groupe Renew, relève à 65 % l’objectif de réduction des « produits les plus dangereux », contre une baisse de 50 % proposée par Bruxelles. Le groupe PPE (droite) s’y opposait farouchement, soutenu par des syndicats agricoles et des Etats hostiles au texte, alors que les réglementations environnementales de l’UE sont jugées de plus en plus contraignantes.
« Cette proposition met gravement en danger l’indépendance [européenne] en matière de sécurité alimentaire », estimait lundi l’élu conservateur autrichien Alexander Bernhuber, citant l’impact de la guerre en Ukraine sur le marché des céréales. Il s’inquiétait aussi de l’interdiction des pesticides dans les zones Natura-2000, ce qui condamnerait « beaucoup d’exploitations ».
La rapporteure du texte, l’écologiste autrichienne Sarah Wiener, s’est à l’inverse félicitée d’avoir trouvé des « compromis réalisables » malgré un débat « dominé par le lobbying » de l’agrochimie et a fustigé l’intransigeance du PPE. « Il ne peut rester figé et répandre des contrevérités pour semer l’effroi », a-t-elle déclaré. « Il faut dire aux agriculteurs d’être courageux, que cela peut fonctionner. […] Nous savons qu’il faut s’attaquer au problème des pesticides. »
L’indice de calcul pas modifié
Selon le texte voté mardi, les pesticides chimiques seront bannis dans les « zones sensibles » (espaces verts urbains, terrains de sport, sentiers publics, aires Natura-2000) et alentours, sur une bande-tampon de 5 m, avec des dérogations possibles. Pour promouvoir l’usage de « composants de substitution », les élus réclament à la Commission de fixer un objectif à l’horizon 2030 pour la hausse des ventes de « pesticides à faible risque » et produits de biocontrôle.
Pour tenir compte des politiques nationales, chaque Etat pourrait adopter ses propres objectifs en fonction de sa surface agricole, des ventes annuelles de pesticides et de leur niveau de danger. En revanche, aucune modification n’est apportée à l’indicateur-clé utilisé pour mesurer la réduction des pesticides, dont le mode de calcul est pourtant vivement critiqué par les ONG.
Friends of the Earth a ainsi salué dans le vote « une lueur d’espoir » mais déploré l’absence « d’un indice permettant de mesurer correctement les progrès ». Le texte fera désormais l’objet d’un vote en plénière par l’ensemble des eurodéputés en novembre, avant de futures négociations avec les Etats.