ENVIRONNEMENTLa déforestation a augmenté en 2022 alors qu’elle doit cesser d’ici 2030

La déforestation a encore augmenté en 2022, contrairement à l’engagement mondial pris en 2021

ENVIRONNEMENTQuelque 6,6 millions d’hectares de forêt ont été détruits en 2022
Un bout de forêt incendié au Brésil pour agrandir une zone d'élevage, le 23 septembre 2023.
Un bout de forêt incendié au Brésil pour agrandir une zone d'élevage, le 23 septembre 2023. - Gleilson Miranda/AP/SIPA
20 Minutes avec agences

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L’humanité est en train d’échouer à mettre fin à la déforestation et inverser son cours d’ici 2030. La perte mondiale de surface forestière s’est en effet accrue en 2022, a annoncé ce mardi un groupe d’ONG et de chercheurs.

En 2021, les dirigeants de plus de 100 pays et territoires, représentant la grande majorité des forêts du monde, se sont engagés à lutter contre la disparition des forêts d’ici à 2030. Mais le rapport annuel publié ce mardi révèle que la déforestation mondiale s’est depuis accrue de 4 % en 2022, et que le monde n’est toujours pas sur la bonne voie pour respecter cet engagement.

Une déforestation supérieure de 20 % à l’objectif

« L’objectif de 2030 n’est pas seulement là pour faire joli. Il est essentiel pour maintenir un climat vivable pour l’humanité », alerte Erin Matson, une des autrices principales du rapport intitulé « Evaluation de la Déclaration sur les forêts ». « Le monde laisse tomber les forêts », déplore de son côté Fran Price, responsable mondiale des forêts au Fonds mondial pour la nature (WWF). « Depuis que l’engagement mondial […] a été pris, une zone de forêt tropicale de la taille du Danemark a été perdue. »

Les forêts sont des habitats essentiels à la vie animale mais aussi d’importants régulateurs du climat et des puits de carbone absorbant les émissions provenant des activités humaines. En 2022, la déforestation a été supérieure de plus de 20 % à ce qu’elle aurait dû être pour respecter l’engagement. Quelque 6,6 millions d’hectares de forêt ont été perdus.

Quelques succès

L’évaluation met également en garde contre le fait que la dégradation des forêts reste un problème majeur. Le terme de dégradation fait référence à un large éventail de dommages, y compris les incendies de forêt et la perte de biodiversité, qui affectent l’état général d’une forêt.

Le tableau n’est pas entièrement négatif. Une cinquantaine de pays ont été jugés en bonne voie pour mettre fin à la déforestation, dont le Brésil, l’Indonésie et la Malaisie qui ont enregistré des « réductions spectaculaires » de la disparition des forêts. Ces progrès sont toutefois menacés, prévient le rapport. Le succès de l’Indonésie est par exemple en partie lié à un moratoire temporaire sur la déforestation et si la protection de l’Amazonie a le vent en poupe au Brésil, un autre écosystème essentiel, la savane du Cerrado, est devenu une cible.

Une COP28 essentielle pour les forêts

Le rapport loue les nouvelles règles de l’UE visant à bloquer les importations de produits qui favorisent la déforestation. Il appelle cependant à une action mondiale plus forte, en consacrant davantage de fonds à la protection des forêts et en mettant fin aux subventions accordées à des secteurs qui favorisent la déforestation, comme l’agriculture.

La publication du rapport survient avant la COP28, qui réunira les dirigeants du monde à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre. La déforestation risque cependant de passer au second plan, derrière les discussions sur les énergies renouvelables et l’avenir des combustibles fossiles. « Nous craignons que [les discussions] ne soient pas à la hauteur », déplore Fran Price.