D’après Lufthansa, si sa flotte était verte, elle consommerait la moitié de la production électrique allemande
Neutralité carbone•Lufthansa, premier transporteur européen, « aurait besoin d’environ la moitié de l’électricité allemande pour [la] convertir en carburant » synthétique, a estimé le PDG du groupe20 Minutes avec AFP
Réduire les émissions du transport aérien est un défi. Le géant aérien Lufthansa devrait consommer la moitié de la production électrique en Allemagne pour faire voler l’ensemble de sa flotte au carburant de synthèse, a illustré ce lundi son patron. Lufthansa, premier transporteur européen, « aurait besoin d’environ la moitié de l’électricité allemande pour [la] convertir en carburant » synthétique, a estimé Carsten Spohr, PDG du groupe, lors d’une conférence nationale sur l’aviation à Hambourg (nord).
Mais cette quantité d’énergie, tant le ministre fédéral de l’Economie Robert Habeck (Verts) que l’agence fédérale des réseaux « ne me la donneront pas », a-t-il ajouté. Les carburants de synthèse ou e-fuels, qui combinent de l’hydrogène - produit à partir de sources décarbonées comme les énergies renouvelables – et du CO2 capté dans l’air ou dans les fumées industrielles, constituent l’une des pistes pour décarboner le secteur aérien.
2 à 3 % des émissions mondiales
Le processus nécessite toutefois une grande quantité d’électricité verte à produire dont l’Allemagne ne dispose pas, relève le patron de Lufthansa. Faute d’être passé à l’échelle industrielle, ce carburant reste par ailleurs beaucoup plus cher que le kérosène d’origine fossile. Il apparaît donc « réaliste » à Carsten Spohr de produire ce combustible synthétique « à l’étranger, là où l’énergie éolienne ou solaire est disponible en quantités pratiquement illimitées », a-t-il ajouté, sans citer de pays précis.
Ce chemin sera « long, mais c’est le bon », a-t-il assuré. L’aviation représente 2 à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le carburant synthétique devrait toutefois rester une technologie de transition, selon les industriels du secteur, qui planchent déjà sur le stade suivant de décarbonation passant par des avions volant à l’hydrogène. L’avionneur Airbus développe des technologies qui doivent permettre de lancer en 2035 un premier avion à hydrogène, probablement pour des liaisons à courte distance.