COLIBRIS« Le plastique est un sujet surestimé » selon le journaliste Mathias Plüss

Empreinte carbone : « Le plastique est un sujet surestimé » avance le journaliste Mathias Plüss

COLIBRISManger un peu moins carné ou prendre le vélo plutôt que la voiture : tout le monde connaît ces « bonnes pratiques » quand on parle d’écologie. Mais d’autres habitudes moins médiatisées, pourraient, elles aussi, changer la donne
Top 3 : Les gestes du quotidien les plus polluants
Emilie Petit

Emilie Petit

L'essentiel

  • Boire moins de café ou préférer les pâtes au riz serait-il meilleur pour le climat ? Certains gestes du quotidien pourraient générer bien plus de gaz à effet de serre que ce que l’on croit.
  • C’est de ce constat qu’est parti le journaliste suisse allemand, Mathias Plüss, pour écrire son livre « Moins, c’est moins ! Petit guide pour faire les bons choix et réduire son empreinte carbone au quotidien », qui sort ce mardi.
  • Spécialiste des questions écologiques depuis dix ans, il constate « qu’il existe une confusion entre la pollution environnementale, et ce qui a un impact sur le climat ».

Boire moins de café ou préférer les pâtes au riz serait-il meilleur pour le climat ? Certains gestes du quotidien pourraient générer bien plus de gaz à effet de serre que ce que l’on croit. Mais entre les messages des campagnes de sensibilisation aux « petits gestes écologiques », ce que l’on peut mettre en place rapidement et ce que l’on ignore, il n’est pas toujours évident de s’y retrouver. Surtout lorsque les politiques climatiques ne suivent pas.

C’est de ce constat qu’est parti le journaliste suisse allemand, Mathias Plüss, pour écrire son livre Moins, c’est moins ! Petit guide pour faire les bons choix et réduire son empreinte carbone au quotidien, qui sort ce mardi. « Je me suis aperçu que le sujet des écogestes intéressait énormément, et en même temps posait aussi beaucoup question », raconte-t-il.

Spécialiste des questions écologiques depuis dix ans, c’est en 2019, à la suite de la publication du numéro spécial « Climat » de Das Magazin auréolé du Prix Média des Académies suisses des sciences, qu’il commence à compiler les centaines d’e-mails et de lettres qu’il reçoit de ses lecteurs. Et constate « qu’il existe une confusion entre la pollution environnementale, et ce qui a un impact sur le climat », les deux n’étant pas systématiquement reliés.

Le plastique, un sujet surestimé ?

Il fallait donc, pour démêler le vrai du faux et redonner leur place à des sujets conso laissés de côté et qu’il juge pourtant essentiels, repartir de la base. Dans le livre de Mathias Plüss, aucun sujet n’est éludé. Quitte à naviguer, parfois, à contre-courant.

« Plusieurs sondages estiment que le plastique est surestimé car c’est un matériau très polluant pour l’environnement, mais pas forcément pour le climat » explique le journaliste. Et de rappeler les chiffres qu’il a glanés au cours de ses recherches : 86 % du plastique emporté vers les océans par les cours d’eau vient d’Asie, et seulement 0,3 % provient d’Europe.

« Et puis le film plastique que nous utilisons au quotidien et qui a une empreinte carbone quasi nulle n’a strictement rien à voir avec le plastique qui vient de l’industrie ou de l’agriculture », nuance-t-il. Même si Mathias Plüss rappelle qu’évidemment non, le plastique n’est pas une bonne chose.

Le bio et le riz, des sujets complexes

A l’inverse du plastique, certains sujets seraient, eux, sous-estimés et donc trop peu abordés et débattus. « Je ne sais pas combien de kilos de riz mangent les Français, mais c’est un sujet dont on parle peu. Pourtant les rizicultures produisent beaucoup de méthane » assure-t-il. Un gaz à effet de serre particulièrement nocif pour le climat.

Pour l’écrivain, des sujets prendraient donc trop de place par rapport à d’autres, au risque de saturer l’espace public et médiatique. « C’est le cas de l’agriculture bio. Elle utilise en effet moins de pesticides et d’engrais. Mais les rendements sont, pour le moment, trop faibles. Plutôt que de parler constamment du bio, en opposition à l’agriculture conventionnelle, on ferait mieux de parler un peu plus de la consommation de viande qui a un impact bien plus important sur le climat », précise-t-il, au risque de s’attirer les foudres de certains.

Il souhaiterait néanmoins approfondir certaines données qu’il a, aujourd’hui encore, du mal à s’expliquer malgré des études sérieuses sur le sujet : les hommes seraient « plus polluants » que les femmes. « Ça reste effectivement une énigme. J’ai été surpris mais les différences entre les deux sexes dans leur approche écologique sont vraiment importantes », constate-t-il. Par exemple, les femmes seules consommeraient moins d’électricité que les hommes célibataires.

Une assertion qui fera assurément débat chez vous. A 20 Minutes, toutes les femmes à qui on a posé la question ont été catégoriques : « C’est tout le temps moi qui éteins la lumière ». A bon entendeur.

«Moins, c’est moins ! Petit guide pour faire les bons choix et réduire son empreinte carbone au quotidien », de Mathias Plüss. Ed. Salamandre. En librairie le 12 septembre 2023.