Equateur : L’arrêt d’un gisement pétrolier dans une réserve amazonienne approuvé par la population
protection•Le gouvernement, qui était contre la tenue d’un référendum, a estimé les pertes financières à plus de 16 milliards de dollars sur deux décennies20 Minutes avec AFP
Une victoire pour la planète. Lors d’un référendum organisé dimanche, une majorité d’Equatoriens a voté pour l’arrêt de la production pétrolière dans un gisement emblématique de la réserve amazonienne de Yasuni, dans l’est de l’Equateur.
A 59 %, les citoyens ont dit oui à l’arrêt de la production du « bloc 43 ». Réclamée par un groupe environnemental depuis dix ans, cette consultation nationale avait été finalement autorisée en mai dernier par la plus haute juridiction du pays.
Elle devait décider de l’avenir du bloc Ishpingo, Tambococha et Tiputini (ITT), connu comme « bloc 43 », d’où sont extraits 12 % des 466.000 barils/jour produits en Equateur. Le gouvernement, qui s’opposait à cette consultation, estimait les pertes à 16,47 milliards de dollars sur 20 ans si le bloc était révoqué.
Réserve unique de biodiversité, le Yasuni s’étend sur près d’un million d’hectares de forêt humide et primaire. Il est aussi une terre indigène : territoire historique des Waorani, il abrite aussi des Kichwa, ainsi que les Tagaeri, les Taromenane et les Dugakaeri, dernières communautés vivant en isolement volontaire en Equateur et fuyant la civilisation moderne.
« Une victoire historique pour l’Equateur et pour la planète »
L’entreprise publique Petroecuador était jusqu’à présent autorisée à intervenir sur quelque 300 hectares du Yasuni. Elle dit en avoir à peine utilisé 80 hectares. « Aujourd’hui, l’Equateur a fait un pas de géant pour protéger la vie, la biodiversité et les peuples indigènes ! » ont célébré sur le réseau X (ex-Twitter) les deux principales organisations indigènes du pays, la Confeniae et la Conaie.
Le groupe environnemental Yasunidos, à l’origine du référendum, s’est aussi félicité : « Cette consultation, née des citoyens, démontre le plus grand consensus national en Equateur. C’est la première fois qu’un pays décide de défendre la vie et de laisser le pétrole dans le sol. C’est une victoire historique pour l’Équateur et pour la planète ».
Plusieurs stars et personnalités internationales avaient pris fait et cause pour l’arrêt du « bloc 43 », dont l’acteur Leonardo Di Caprio et la Suédoise Greta Thunberg. L’exploitation du pétrole est un des piliers de l’économie équatorienne -dollarisée- depuis les années 1970. Le pétrole brut, premier produit d’exportation du pays, a généré des revenus de 10 milliards de dollars en 2022, soit environ 10 % du PIB.