CalienteA Rennes, le plafond de couleurs tente d’apporter ombre et fraîcheur

Canicule : A Rennes, le plafond de couleurs tente d’apporter ombre et fraîcheur

CalienteUn dispositif d’ombrage a été installé en juillet dans la principale rue commerçante de la capitale bretonne pour lutter contre les îlots de chaleur
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Un dispositif de rubans de couleurs a été accroché dans la principale rue commerçante de Rennes.
  • L’objectif est d’apporter de l’ombre dans une artère très minérale où aucun arbre ne pourrait pousser.
  • L’efficacité du dispositif fera l’objet d’une évaluation en fin d’été grâce à l’installation de capteurs.

Un plafond de rubans verts et bleus qui s’agite dans le vent, laissant apparaître ici et là quelques oiseaux accrochés à un fin filet. Un ballet incessant immortalisé par de nombreux visiteurs qui s’arrêtent pour filmer la scène. A Rennes, le plafond de couleurs de la rue Le Bastard fait le bonheur des réseaux sociaux. Depuis son installation au-dessus de la principale rue commerçante du centre-ville, ce dispositif d’ombrage n’a pas vraiment pu être testé. La faute à une météo capricieuse, voire abominable, qui n’a pas vraiment laissé place à la chaleur. Ce vendredi, la température dépassait les 27 degrés dans le centre de Rennes. Une chaleur certes bien éloignée de celle ressentie dans une grande partie de la France mais qui devrait enfin permettre de tester l’efficacité du dispositif destiné à lutter contre les îlots de chaleur. Dans cette artère où il est impossible de planter des arbres, la ville a voulu innover en faisant confiance au système imaginé par le collectif d’artistes portugais Impact Plan.

Le thermomètre redescend au sol

Pour mesurer l’impact de ce toit coloré, la ville de Rennes a installé des capteurs. En attendant d’en connaître les premières conclusions, 20 Minutes a procédé à un premier test ce vendredi. Sous un ciel plutôt voilé, nous avons enregistré la température sous le dispositif d’ombrage et sur la place voisine de la Mairie. Résultat : 26,6 degrés sous le toit et 26,9 degrés sur la place voisine. Un écart faible probablement dû à au voile nuageux qui couvrait le ciel de la capitale bretonne vendredi. Mais une autre donnée se révèle plus probante. En mesurant la température de surface au sol, nous avons enregistré 27,4 degrés à l’ombre quand le même granit affichait 33,7 degrés quelques mètres plus loin. Ces données ne suffisent pas à valider l’efficacité du procédé mais montrent son potentiel. En ombrageant une rue très minérale, la ville peut sans doute faire baisser l’effet brûlant des sols d’ordinaire burinés par le soleil.

L’efficacité du ciel de couleurs, Rose et sa fille ont pu la tester quand le soleil s’est mis à briller vendredi après-midi. « On a tout de suite senti la différence. Sans doute quelques degrés. On se sentait à l’ombre », expliquent les deux Vannetaises. « On sent surtout la différence quand on arrive d’un lieu bien minéral comme la place de la Mairie », explique ce commerçant de la rue Le Bastard. Après un mois à tester le toit de rubans, ce dernier peine cependant à livrer un verdict sur leur efficacité : « Le temps a été tellement pourri qu’on n’a pas pu vraiment tester. Par contre, je peux vous dire que ça ramène du monde ici ! On voit tout le temps les gens filmer ou se photographier dans la rue. »

« C’est vraiment de la merde »

Il dit vrai. De part et d’autre de la rue, les passants sont nombreux à s’arrêter pour photographier la nouveauté. « C’est vraiment beau », glisse une femme, téléphone en main. A Toulouse, un dispositif similaire a été installé mais est davantage moqué par les habitants. Il faut dire que la densité, la largeur et la couleur font davantage penser à des décorations de Noël qu’à un système d’ombre.

A Rennes, un dispositif d'ombrage coloré a été installé au-dessus de la rue Le Bastard, rue commerçante réputée brûlante en cas de fortes chaleurs.
A Rennes, un dispositif d'ombrage coloré a été installé au-dessus de la rue Le Bastard, rue commerçante réputée brûlante en cas de fortes chaleurs. - C. Allain/20 Minutes

A Rennes, si les touristes semblent ravis du spectacle, certains locaux s’agacent. « Pour moi, c’est vraiment de la merde. On utilise du plastique pour faire de l’ombre dans une rue qui n’a du soleil que deux heures dans la journée », assène ce jeune commerçant de la rue Le Bastard. « Ça ne sert à rien quand il fait beau. Et les jours où il pleut, c’est tellement sombre qu’on se croirait au mois de novembre. » Son associé critique « la pluie qui tombe encore, même quand elle a cessé ». Mais la remarque la plus récurrente concerne davantage la matière. « On veut faire de l’ombre avec du plastique. Il y avait sans doute mieux à faire », regrette un passant. La municipalité rennaise précise que le dispositif n’est qu’un test. S’il se révèle concluant, d’autres matériaux pourraient être trouvés. Cette version 2023 devrait quant à elle rester accrochée jusqu’à la fin du mois de septembre.