Compter les papillons : c’est la nouvelle activité proposée aux promeneurs au Royaume-Uni dans le cadre d’un large recensement de ces insectes. Le « Big Butterfly Count », la plus grande initiative du genre au monde selon ses organisateurs, a lieu cette année du 14 juillet au 6 août et permet aux scientifiques d’évaluer l’état de santé des espèces naturelles du pays.

« Avoir une trace annuelle de ce qu’on observe ou pas ici, je pense que ce sont des données scientifiques précieuses pour souligner des changements comme le réchauffement climatique ou la destruction des habitats », explique une Britannique engagée dans l’association Butterfly Conservation, qui organise ce recensement. « Les papillons sont des indicateurs sensibles à ce qu’il se passe. »

Les papillons, indicateurs de la biodiversité

Dans le cadre du « Big Butterfly Count », les volontaires peuvent télécharger un tableau qui leur permet d’identifier plusieurs espèces de papillons et de recenser en ligne ceux qu’ils observent dans leur jardin ou dans les parcs. Lancé en 2010, le « Big Butterfly Count » est de plus en plus populaire. Plus de 64.000 personnes y ont participé en 2022, enregistrant près de 100.000 papillons dans tout le pays.

« L’une des choses géniales avec les papillons, c’est qu’ils agissent comme des indicateurs pour tous les autres groupes » d’animaux, souligne Richard Fox, responsable au sein de Butterfly Conservation. « Donc on apprend un peu sur l’état de nos abeilles, nos scarabées, nos mouches, nos guêpes et d’autres insectes importants. »

Richard Fox espère que le dernier rapport va inciter le monde politique à prendre des mesures. Le gouvernement britannique a pour objectif de palier la perte de diversité en plantant entre 90 et 120 millions d’arbres par an d’ici 2025. Un projet « fantastique » selon Richard Fox, mais insuffisant si des projets vers une agriculture moins intensive ne sont pas encouragés.

L’agriculture massive en cause

Selon les scientifiques, les populations de papillons diminuent depuis des années, les espèces peinant à s’adapter au changement climatique. Selon un rapport de Butterfly Conservation publié en 2023, quatre espèces de papillons sur cinq sont en déclin par rapport aux années 1970. La moitié des 58 espèces recensées au Royaume-Uni sont menacées.

Entre 1976 et 2019, les papillons ont perdu 42 % de leur aire de répartition et le nombre de papillons a diminué de 6 % sur les sites étudiés. « C’est assez inquiétant », affirme à l’AFP Richard Fox, responsable au sein de Butterfly Conservation. « La principale cause du déclin, c’est ce que les humains ont fait au paysage ces 50, 60, 70 dernières années au Royaume-Uni. »

L’intensification de l’agriculture, avec plus d’engrais et de pesticides, et les modifications du paysage comme la disparition des haies pour maximiser les surfaces cultivables, sont pointées du doigt pour expliquer le déclin. Ces dernières décennies, le Royaume-Uni a ainsi perdu près de la moitié de sa biodiversité, selon un rapport officiel.