Un gros tas d’algues vertes déversé devant la préfecture du Finistère

Finistère : Un gros tas d’algues vertes déversé devant la préfecture

BeurkL’action revendiquée par Greenpeace vise à mettre la pression sur l’Etat et dénoncer les extensions accordées aux grosses exploitations agricoles
Camille Allain

C. A. avec AFP

«Bon matin », comme disent les Canadiens. Ce lundi, les services de la préfecture du Finistère ont découvert qu’un gros tas d’algues vertes avait été déposé devant leur bâtiment situé à Quimper. Les auteurs de cette action sont connus. Une grande banderole jaune de l’association Greenpeace a été déployée au-dessus de la tonne d’ulves déversée devant la préfecture. « Fermes usines : ni ici, ni ailleurs », était-il écrit. Des militants en combinaison blanche ont également déployé un message disant : « Bretagne polluée : Etat coupable ». Des photos d’exploitations géantes ont été accrochées à la façade.

Par cette action, l’ONG française a voulu dénoncer le scandale des algues vertes. Véritable fléau pour la Bretagne, elles se déversent à chaque fin de printemps sur certaines plages et vasières du Finistère et des Côtes-d’Armor. Le Morbihan est également touché, notamment dans le secteur de Lorient. « Nous sommes ici pour dénoncer ce modèle d’élevage industriel qui, face à la crise environnementale et climatique, nous mène droit dans le mur, et dont nous ne voulons plus, ni ici, ni ailleurs », justifie Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace dans un communiqué. « L’État doit prendre ses responsabilités et amorcer une sortie de l’élevage industriel en instaurant un moratoire sur tous les nouveaux projets de création ou d’extension de fermes usines en France. »

Dans un communiqué, le préfet du Finistère a fait savoir qu'il allait déposer plainte » pour obtenir réparation des éventuels dégâts pérennes ». Philippe Mahé « condamne cette action commise même si les dégradations par affichage sont restées limitées ».

L’association tempête notamment contre l’autorisation d’extension de la porcherie aux 12.000 cochons d’Avel Vor, à Landunvez (Finistère), validée par le préfet en novembre 2022. Un recours a été déposé. Dans la commune, certaines plages sont fermées depuis plusieurs années en raison d’une qualité de l’eau insuffisante. Dans le pays du Léon, au nord du Finistère, l’élevage de cochons dépasse par endroits 3.000 porcs au km².

Les risques mortels du gaz

Cette année, les échouages d’algues se concentrent surtout sur la baie de Saint-Brieuc, notamment à Hillion, où certaines plages sont fermées. Des dépassements de concentration en hydrogène sulfuré ont déjà été enregistrés. Ce gaz toxique et potentiellement mortel est libéré par les algues lorsqu’elles entrent en putréfaction. Pour éviter le phénomène, des ramassages réguliers sont organisés sur les plages. « On ramasse beaucoup moins que les autres années », assurait récemment le préfet des Côtes-d’Armor. Ce nettoyage étant réalisé à l’aide de tracteurs, il n’est pas possible dans les vasières et les espaces rocheux. Un test de ramassage en mer a été démarré à l’automne et doit se poursuivre cet été à l’aide d’un véhicule amphibie