ça piqueLes méduses font un retour très remarqué sur les plages de l’Atlantique

Atlantique : Pourquoi les méduses font un retour très remarqué sur les plages

ça piqueLes signalements de méduses, parfois urticantes, se multiplient sans discontinuer depuis le début du mois de juin sur la façade atlantique. Elles se concentrent désormais sur les régions Pays-de-la-Loire et Bretagne
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • De très nombreuses méduses sont repérées sur les plages du littoral atlantique depuis le début du mois de juin.
  • Le phénomène est accentué par des courants de surface et, peut-être, par la hausse des températures.
  • Certaines méduses peuvent être très douloureuses au contact de la peau, notamment la méduse-compas.

Les signalements de promeneurs étonnés ou de baigneurs piqués se multiplient depuis le début du mois de juin. Et ne faiblissent pas. Un nombre très important de méduses est constaté sur le littoral atlantique depuis une vingtaine de jours. Elles se comptent parfois par centaines sur une même plage. Les observations s’étirent du Pays basque jusqu’à la Manche, rapporte l’Ifremer, mais elles se concentrent désormais sur le Morbihan, la Loire-Atlantique et la Vendée. « Effectivement, beaucoup de personnes se sont manifestées. Il n’y a pourtant rien d’anormal en cette saison, il y a toujours pas mal de méduses en juin », assure Elvire Antajan, chercheuse en écologie du zooplancton pour l’Ifremer.

La présence plus massive que d’ordinaire de ces animaux marins gélatineux s’explique toutefois par l’orientation des vents dominants (vents de nord et nord-ouest). « Les méduses sont très sensibles au courant de surface et celui-ci les pousse vers nos côtes, ce qui se traduit par des échouages importants par endroits », indique Evire Antajan. Le beau temps a aussi provoqué un pic de témoins sur les plages en juin. « Comme les plages sont très fréquentées, davantage de gens se rendent compte de la présence des méduses. D’habitude, elles sont là mais se font moins remarquer. »

La méduse-compas, mieux vaut l’éviter

La chercheuse, qui pense que le phénomène devrait « s’estomper dans quelques jours », émet aussi l’hypothèse de l’élévation de la température de l’eau, en particulier dans le Golfe de Gascogne, dû à une fin de printemps très ensoleillé et, plus globalement, au réchauffement climatique. « Le plancton se développe plus vite dans ces conditions et cela profiterait aux méduses. Il est toutefois difficile d’être affirmatif sur ce point car il n’existe pas en France de données de suivi sur les méduses. On travaille principalement sur des observations parcellaires », rapporte Elvire Antajan. D’autres pistes potentiellement favorables aux méduses sont étudiées par l’Ifremer, comme les conséquences de la surpêche ou de l’installation de parcs éoliens en mer.


Une méduse rhizostome échouée sur la plage de Soulac-sur-Mer en Gironde (illustration).
Une méduse rhizostome échouée sur la plage de Soulac-sur-Mer en Gironde (illustration). - M.Bosredon/20Minutes

Trois espèces de méduses sont actuellement recensées sur le littoral atlantique. La plus répandue serait la chrysaora hysoscella, surnommée aussi méduse-compas ou méduse-boussole. « Elle est rayonnée avec une frise marron. Elle peut mesurer jusqu’à 20 cm. Si on en voit, il vaut mieux sortir de l’eau. C’est en effet une espèce plutôt urticante, même sur le sable. » Il y a aussi la méduse Aurélie (aurelia aurita), légèrement bleutée, qui « ressemble à une ombrelle avec quatre formes de fer à cheval ». Pouvant mesurer jusqu’à 40 cm, elle est peu urticante. La méduse dite « chou-fleur » (rhizostoma octopus), translucide et spectaculaire car pouvant mesurer jusqu’à un mètre de diamètre, a également été signalée. Elle est généralement inoffensive pour l’homme. Une quatrième espèce, la cyanea lamarkii, urticante, est aussi visible en Manche et mer du Nord.

Ne pas rincer à l’eau douce… ni à l’urine

« En présence d’un échouage de méduses, il est recommandé de s’éloigner et de prévenir le poste de secours, conseille Elvire Antajan. Si l’on est piqué, il faut rincer la blessure à l’eau de mer. Surtout pas à l’eau douce, au risque de faire éclater les cellules urticantes. Si des filaments restent accrochés sur la peau, on peut gratter un peu avec du sable ou un objet, une carte bleue par exemple. » Si la douleur persiste, consultez un pharmacien voire un médecin. Inutile, en revanche, d’uriner sur la plaie, comme le suggère une idée reçue. « Ça ne sert à rien. On risquerait même une surinfection. »



Des applications mobiles et sites Internet participatifs permettent de signaler la présence de méduses et de consulter une carte. C’est le cas de Jellywatch, Alerte méduses ou Méduséo. « Ce sont des indicateurs intéressants. Il n’y a toutefois aucune validité scientifique derrière. On réfléchit, nous aussi, du côté de l’Ifremer, à proposer une application de ce type. »