Lyon : C’est quoi cette école de « la transition environnementale », créée par le Medef ?
URGENCE CLIMATIQUE•Le Medef de la région Auvergne-Rhône-Alpes vient d’inaugurer des formations pour « impulser sa résilience écologiste » auprès des entreprises. En octobre, une école pour 40 apprenants ouvriraElise Martin
L'essentiel
- La branche régionale du Mouvement des entreprises de France (Medef) vient d’inaugurer sa première formation de « résilience climatique » avec vingt sociétés locales.
- Le but est de les sensibiliser aux enjeux afin de réduire leurs impacts sur l’environnement. A la suite de ces quatre jours, des modules spécifiques à chaque domaine viendront compléter ce socle transversal.
- En plus de cette formation, le Medef Aura va ouvrir la « première école de transition environnementale » en octobre 2023. L’objectif est de « former des talents pour relever les défis d’une croissance plus responsable ».
- Ce concept de « croissance responsable » ou « croissance verte » est cependant largement critiqué par de nombreux experts du climat, notamment par une note publiée l’Agence européenne pour l’environnement en 2021.
Ce matin-là, dans les locaux du Mouvement des entreprises de France (Medef) Aura, des images illustrant des canicules, la biodiversité terrestre ou encore la santé humaine sont disposées un peu partout sur des tables. Autour d’elles, vingt représentants et représentantes d’entreprises de la plasturgie, de la restauration ou encore du numérique, s’attellent à trier ces photos dans une logique de liens de causes et conséquences du dérèglement climatique. Ils sont en train de réaliser une fresque du climat. « Je sais, c’est à l’antipode de ce qu’on pourrait penser du Medef », reconnaît, un brin taquin, un des participants.
En réalité, cette activité fait partie d’une toute nouvelle formation dédiée aux managers d’entreprises pour « impulser la résilience climatique, avec l’objectif de mieux appréhender la réglementation liée aux nouveaux enjeux climatiques ». Une première pour la plus importante des organisations patronales.
« Plus on avance, plus les gens réalisent »
« Troubles », « espérance », « interconnexions » mais aussi « gâchis de temps et de ressources ». Après la fresque, les membres de l’atelier ont exprimé leurs sentiments face à ce qu’ils avaient appris. « Plus on avance, plus les gens réalisent, constate Maxime Pillie, le formateur. Il y a un vrai électrochoc en eux. »
Lena Ferrenbach, cheffe de projet environnement pour Visiativ, spécialisée dans la transition numérique, acquiesce. « On n’a jamais fini d’apprendre sur le sujet », lance-t-elle. Ce stage était pour elle, l’occasion d’aller « plus loin » dans ses missions. « Si une entreprise veut entamer une transformation digitale, elle ne peut pas faire abstraction des enjeux écologiques. » Consciente des conséquences du domaine sur le réchauffement climatique, elle reste convaincue qu’une « conciliation reste à trouver entre les deux ». « Je ne pense pas que le digital va tous nous sauver mais je pense qu’il peut être un atout pour le monde de demain », ajoute cette responsable.
« La croissance verte n’existe pas »
C’est dans cette logique qu’est né le projet du Medef Aura. « On veut apporter des solutions aux entreprises face au contexte actuel qu’on ne peut plus ignorer », affirme Léa Abou Saada, responsable de l’emploi et de la formation professionnelle. En octobre 2023, l’organisation patronale va même ouvrir la première école de « transition environnementale » pour une quarantaine d’apprenants : « The Climate Factory ». L’objectif ? « Former des talents pour relever les défis d’une croissance plus responsable ». Selon le directeur général du Medef, Stéphane Flex, il s’agit de « participer à la création de nouveaux métiers », tels que « manager de la transition », et « verdir ceux existants ».
Le concept peut laisser perplexe. Surtout parce que, depuis plusieurs années, on entend dire que « la croissance verte n’existe pas ». L’ingénieur énergie-climat Jean-Marc Jancovici l’a assuré. L’économiste Hélène Tordjman, maîtresse de conférences à la Sorbonne, aussi. Elle a même affirmé que c’était « une illusion » lors d’une interview à Blast. « C’est toujours produire et consommer qui a cette empreinte sur l’environnement », a rectifié l’autrice de La croissance verte contre la nature - critique de l’écologie marchande. Un constat appuyé par l’Agence européenne pour l’environnement. Une étude publiée en 2021 a prouvé qu’un « découplage entre la croissance économique et la consommation de ressources » était impossible, comme le souligne Le Monde.
Un plan « opérationnel immédiatement » pour réduire son impact environnemental
« Nous n’avons pas la même opinion », répond Stéphane Flex. Avant de développer : « Il doit y avoir de la croissance mais elle doit être responsable. Pour cela, il faut prendre conscience de son impact et faire des choix. Par exemple, une boîte dont les besoins en eau sont très importants doit repenser le besoin de sa production vu le manque auquel on fait face. On a créé cette formation pour ça. Pour permettre à toutes les sociétés d’impulser un changement vers la transition. »
« Je crois en la légende du colibri où chacun fait sa part », appuie Boris Lechevalier, dirigeant d’une société de conseils et participant à la formation. Comment ? A la fin des quatre jours de formation, chaque participant repartira avec une « feuille de route » des actions à mener à son échelle, précise le formateur. « Avec ce plan opérationnel immédiatement, les entreprises pourront observer des résultats dans la réduction de leur impact environnemental dès six à huit mois », ajoute Léa Abou Saada. Des modules spécifiques en fonction des domaines d’activité seront par la suite ajoutés.
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