Faut-il moins de vaches dans les champs français pour sauver le climat ?

Climat : Faut-il réduire le nombre de vaches dans les champs français ?

agricultureC’est la position de la Cour des comptes dans un rapport publié lundi où elle ajoute que les Français devraient également manger moins de viande
Guillaume Novello

G.N. avec AFP

En ces temps de changement climatique, les vaches ne sont plus en odeur de sainteté. Et même la Cour des comptes, peu adepte de la décroissance, s’y met. Dans son rapport sur l’élevage bovin publié lundi, elle est sans appel : « Le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane appelle nécessairement une réduction importante du cheptel. » Car les émissions de gaz à effets de serre (GES) des bovins sont conséquentes, « principalement en raison du méthane produit lors de la digestion des animaux », ce qu’on appelle familièrement les pets de vaches.

La France, premier producteur européen de viande bovine et deuxième troupeau laitier derrière l’Allemagne, compte en effet environ 17 millions de têtes de bovins. Qui sont responsables de 11,8 % des émissions de GES du pays, autant que la totalité des bâtiments résidentiels du pays. « Le bilan de l’élevage bovin pour le climat est défavorable », écrit donc sans surprise la Cour des comptes. Et la technique de conserver des prairies pour stocker du carbone est loin de suffire pour compenser toutes ces émissions.

Une diminution subie et non planifiée

Pas d’autres solutions donc que de baisser le nombre de têtes. Si dans son rapport la Cour relève que « le Plan stratégique national de la PAC élaboré par le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire n’aborde pourtant pas directement l’enjeu de la réduction du cheptel », elle précise que le ministère lui a communiqué « ses hypothèses sur l’évolution du cheptel bovin » qui pourrait refluer à environ 15 millions de têtes en 2035 et 13,5 millions en 2050. Mais « cette diminution reste subie et ne fait pas l’objet d’un véritable pilotage par l’Etat, au détriment des exploitants », reproche la Cour.



« Lire que votre activité doit cesser ou largement diminuer, c’est très compliqué pour des éleveurs » déjà de moins en moins nombreux, rétorque Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, le syndicat majoritaire. Il assure en outre que cette mesure est « vécu[e] comme une vraie blessure» . Pour le leader agricole, l'élevage français peut réduire ses émissions via l'innovation - des additifs dans la ration des vaches promettent de réduire la production de méthane - et sans avoir besoin de pousser des éleveurs à se séparer de leurs troupeaux.

Manger moins de viande, une nécessité climatique

A la Confédération paysanne, syndicat moins tourné vers le productivisme, on n’est pas spécialement emballés non plus par la préconisation. « Ce n’est pas quelque chose qu’on porte », indique Nicolas Girod porte-parole de la Conf' et lui-même éleveur laitier dans le Jura. « Diminuer le nombre de têtes mais sans remettre en cause comment on élève les animaux, ce n’est pas intéressant », précise-t-il, ajoutant rejeter « l’élevage industriel », un modèle qui correspond davantage aux standards de la FNSEA, laquelle défend un « élevage corrélé au marché et aux besoins de consommation, à ce stade on peu ou pas en baisse ». Or justement, la Cour des comptes recommande une baisse de la consommation de viande rouge. Elle rappelle qu’un tiers des Français consomment « davantage que le plafond de 500 g par semaine de viande rouge préconisé par le plan national nutrition santé ».

Enfin Nicolas Girod rappelle qu’en fonction des conditions d’élevage, « la vache peut avoir une utilité sociale, environnementale et alimentaire qui contrebalance son impact climatique négatif. Il faut sortir d’une simple règle mathématique. »