La France s’allie à dix Etats de l’Union européenne pour défendre le nucléaire
Atomes crochus•« L’énergie nucléaire » est un outil pour « atteindre nos objectifs climatiques, produire de l’électricité de base et garantir la sécurité de l’approvisionnement », affirment ces pays20 Minutes avec AFP
L’Allemagne s’y oppose farouchement. Mais onze pays de l’UE, emmenés par la France, ont annoncé ce mardi un renforcement de leur coopération dans l’énergie nucléaire pour développer « de nouveaux projets », soulignant le rôle de l’atome dans la décarbonation de l’économie. « L’énergie nucléaire est l’un des nombreux outils permettant d’atteindre nos objectifs climatiques, de produire de l’électricité de base et de garantir la sécurité de l’approvisionnement », affirment ces pays dans une déclaration commune signée en marge d’une réunion des ministres européens de l’Energie à Stockholm.
Les 11 Etats (France, Bulgarie, Croatie, République tchèque, Hongrie, Finlande, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie) s’accordent pour « soutenir de nouveaux projets » nucléaires, basés notamment « sur des technologies innovantes », ainsi que « l’exploitation des centrales existantes ». Le texte prévoit des projets communs de formation, « des possibilités de coopération scientifique accrue » et l’échange des « meilleurs pratiques dans la sécurité ».
Le « complément » des renouvelables
« D’autres pays » non-signataires, dont l’Italie et des Etats baltes, ont également « manifesté leur intérêt pour rentrer dans le cercle, même s’ils ne sont pas directement partie prenante d’une exploitation nucléaire », a indiqué après la rencontre la ministre française Agnès Pannier-Runacher. Dans l’immédiat, des groupes de travail entre signataires seront créés d’ici au prochain conseil de l’Energie fin mars.
Pour Paris, le nucléaire, énergie pilotable et sans émissions de CO2, est « complémentaire » des renouvelables pour atteindre l’objectif européen de neutralité carbone en 2050. « Etats-Unis, Royaume-Uni, Corée du Sud, Chine, Inde et même Japon envisagent le nucléaire comme un moyen important de décarboner leur économie. Nous devons être sur un pied d’égalité », avait plaidé lundi Agnès Pannier-Runacher.
L'« hydrogène bas carbone »
Pour son cabinet, l’idée était aussi « d’envoyer un signal fort dans les différentes négociations européennes ». La France a déjà remporté une victoire mi-février avec la proposition de la Commission européenne de considérer comme « vert » l’hydrogène produit à partir d’un mix électrique comportant du nucléaire, sous certaines conditions.
Désormais, la France défend la prise en compte de cet « hydrogène bas carbone » dans un texte en négociations fixant pour chaque Etat européen des objectifs d’hydrogène renouvelable dans l’industrie et les transports. L’Allemagne et l’Espagne y sont totalement opposés. Dans le cadre d’une réforme du marché européen de l’électricité, Paris préconise par ailleurs des contrats de longue durée à prix garanti, y compris au bénéfice de la production nucléaire, ce que refuse Berlin.
« Stable, durable et faiblement carbonée »
La Pologne, qui mise sur le nucléaire pour sortir du charbon, et la République tchèque avaient salué lundi ce projet d'« alliance », même si ce terme n’a pas été retenu dans la déclaration finale. « Les renouvelables peuvent s’avérer instables. Il faut une énergie stable et durable, faiblement carbonée : nous n’en connaissons qu’une, le nucléaire », a observé le ministre tchèque Jozef Sikela.
Les onze pays signataires sont les mêmes qui soutenaient fin 2021 la reconnaissance du caractère « durable » du nucléaire dans la « taxonomie » européenne, une labellisation verte permettant de faciliter certains investissements. Ils avaient obtenu gain de cause dans le texte adopté mi-2022. La Suède, dont l’actuel gouvernement est pro nucléaire, n’a pas signé la déclaration mardi, étant contrainte à la neutralité durant sa présidence tournante du Conseil de l’UE.