A SECAu nord de Nantes, l’étonnant spectacle du lac de Vioreau vide attire

Au nord de Nantes, l’étonnant spectacle du lac de Vioreau vide attire les curieux

A SECLa plus grande réserve d’eau douce de Loire-Atlantique a été asséchée provisoirement afin de mener des travaux sur son barrage. Le décor inhabituel attire les promeneurs, parfois à leurs risques et périls
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Le lac de Vioreau est la plus grande réserve d’eau douce de Loire-Atlantique.
  • Le plan d’eau de 180 hectares vient d’être vidé pour permettre la réalisation de travaux sur son barrage.
  • De nombreux curieux affluent sur le site depuis quelques jours.

«Ça fait vraiment trop bizarre ! On dirait un paysage lunaire. Vivement que l’eau revienne. » Séverine connaît bien le lac de Vioreau, un site où elle vient « au moins une fois par an à la plage ou même faire de la voile ». Mais si elle « peine à reconnaître » le décor, c’est parce que l’immense lac situé à Joué-sur-Erdre (Loire-Atlantique), au nord de Nantes, a été vidé. Presque entièrement. Plus de 7 millions de m 3 d'eau ont ainsi été évacués naturellement, pendant plusieurs semaines cet hiver, afin de permettre la réalisation de travaux nécessaires sur le barrage.

Depuis un mois, la « vidange » est terminée. Le grand réservoir de Vioreau, long de 4 kilomètres, ne paraît plus qu’un immense terrain de sable, de boue et petits cailloux. Quelques pontons et bateaux échoués témoignent d’un passé nautique pas si ancien. Seule une mince surface d’eau subsiste côté sud, près du barrage. « C’est quand même un drôle de spectacle. On ne voit pas ça tous les jours », s’étonne Jérôme, appareil photo en main. « Ça parait beaucoup plus grand sans eau », considère Xavier qui ne « regrette pas d’avoir fait le déplacement »…



« Il y a des risques d’enlisement, c’est dangereux »

A la faveur du beau temps et du « bouche à oreille », des dizaines de curieux affluent ainsi chaque jour sur le site. Ils s’aventurent parfois loin, quitte à revenir les pieds crottés, voire à se mettre carrément en danger. « Le sol est meuble par endroits. Il y a des risques réels d’enlisement. Il y a aussi des poches d’eau avec des risques de noyade, surtout quand arrive l’obscurité. C’est dangereux. On a mis des panneaux d’avertissement mais ça ne suffit pas », observe Jean-Luc Séchet, vice-président du conseil départemental de Loire-Atlantique, propriétaire du lac. L’envie de profiter du spectacle est telle que quelques promeneurs ont même « déplacé les barrières » qui entravaient le sentier pédestre de part et d’autre du barrage en chantier.

L’autre problème que pose cet afflux de visiteurs est la protection environnementale des berges. « Nous sommes en zone Natura 2000. L’écosystème est extrêmement fragile. Il y a, notamment, une petite plante, le coléanthe délicat, qui est unique en Loire-Atlantique et qu’on se doit de protéger. Son piétinement nous inquiète », alerte Jean-Luc Séchet.

Remise en eau dans un an

Malheureusement pour les amateurs de trésors, l’assèchement du lac n’a pas donné lieu à des découvertes particulières. « On n’a pas trouvé d’objets anciens, ni d’éléments originaux, assure l’élu. Il faut dire que la dernière vidange date d’il y a 20 ans. Mais il y aura peut-être des choses dans les boues retirées lors du curage de la partie est qu’on effectuera durant l’été. » Environ 25.000 m3 seront alors extraites et épandues sur des terres agricoles. L’intervention permettra d’améliorer la qualité de l’eau.



Les travaux de restauration du barrage, qui visent à consolider l’ouvrage construit en 1835, doivent se poursuivre jusqu’à la fin de l’automne 2023. La remise en eau s’effectuera ensuite en période hivernale, « grâce à la pluie », pendant plusieurs mois. Une partie des 40 tonnes de poissons déplacés en novembre sera réintroduite. Coût de l’opération globale pour le département de Loire-Atlantique : 13 millions d’euros.

Principale réserve d’eau douce de Loire-Atlantique, le lac de Vioreau avait été aménagé à la demande de Napoléon Ier, dans l’objectif de garantir la navigation en continu sur le canal de Nantes à Brest. Sa fonction première est encore indispensable, surtout en période de sécheresse. Le lac accueille une base de loisirs avec différentes activités nautiques.