PollutionDeux usines pointées du doigt pour leur pollution de l’air à Saint-Malo

Saint-Malo : L’usine de ce géant de l’engrais montrée du doigt pour sa pollution de l’air

PollutionLa cité corsaire présente parfois des concentrations en particules fines anormalement élevées notamment en raison des émissions de l’entreprise Timac Agro
L'usine Timac Agro du groupe Roullier, ici sur le port de Saint-Malo.
L'usine Timac Agro du groupe Roullier, ici sur le port de Saint-Malo. - C. Allain / 20 Minutes
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • A Saint-Malo, l’air est régulièrement pollué par les particules fines. L’activité du port et de certaines usines est pointée du doigt.
  • La Timac Agro, qui fabrique des engrais et des produits de nutrition animale dans deux usines, est présentée comme responsable de certaines émissions de polluants.
  • Plusieurs habitants avaient assigné l’entreprise en justice pour tenter d’obtenir des réparations et une amélioration du traitement des polluants.

Réputée pour sa houle spectaculaire les jours de grandes marées, la ville de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) est souvent perçue comme le spot idéal pour s’offrir un bon bol d’air à quelques heures de train de Paris. Ce que l’on sait un peu moins, c’est qu’au fond du bol se cachent de toutes petites particules qui viennent se loger tout au fond des bronches de celles et ceux qui les respirent.

Régulièrement confrontée à une qualité de l’air dégradée, la cité corsaire scrute depuis longtemps son usine de nutrition animale et d’engrais avec un regard suspicieux. Une étude menée par Air Breizh confirme ce que tout le monde savait déjà : oui, les rejets de la Timac Agro ont un effet négatif sur la qualité de l’air à Saint-Malo. Mais pas partout, et pas tout le temps.

Concentration en ammoniac

Missionnée par l’Agence régionale de santé de Bretagne, l’association Air Breizh a mené des mesures en continu de décembre 2021 à mai 2022 dans une station de Rocabey, située à 400 mètres de la mer. Ici, les niveaux moyens de particules fines PM 2,5 sont proches de ceux de Saint-Brieuc et Rennes, métropoles pourtant plus grandes. L’impact des activités humaines comme le transport ou l’agriculture est variable et dépend de l’orientation des vents. Quant à l’impact de l’usine du groupe Roullier, il se mesure surtout sur la concentration en ammoniac, où le maximum horaire est 51 % supérieur aux stations rurales. « L’influence de source locale émettrice d’ammoniac est confirmée », assure Air Breizh. Ces rejets génèrent des pics horaires au beau milieu de la nuit, alors que le trafic est quasi nul.

L’origine n’est pas à chercher bien loin : l’agriculture est souvent pointée du doigt en Bretagne pour ses émissions d’ammoniac générées par les engrais et l’épandage de lisier. Mais à Saint-Malo, il y a aussi la Timac Agro, entreprise propriété du géant local Roullier, qui fabrique dans deux usines des engrais d’origine naturelle et des produits de nutrition animale. En 2020, douze habitants et une association de Saint-Malo avaient assigné le groupe en justice pour « troubles anormaux de voisinage ». La justice avait tranché en faveur de la nomination d’un expert.

Un analyseur en continu réclamé

Pour mieux surveiller ces émissions, Air Breizh préconise l’installation d’un analyseur en continu. L’association Eau et rivières de Bretagne va plus loin et réclame la mise en place d’une redevance sur les engrais minéraux azotés et demande l’interdiction des engrais les plus polluants. Elle espère aussi que des restrictions de l’épandage seront mises en place lors des pics de pollution.