Réchauffement climatique : Les calottes glaciaires pourraient s’effondrer avec un demi-degré de plus
Climat•La fonte des calottes glaciaires entraînerait une hausse importante du niveau de la mer20 Minutes avec agences
Les mauvaises nouvelles continuent d’arriver en provenance du monde des glaces. Des calottes glaciaires, dont la fonte élèverait les océans de plusieurs mètres, pourraient bien s’effondrer avec un demi-degré de réchauffement supplémentaire du climat, selon des études récentes.
Les calottes du Groenland et de l’Antarctique ont perdu plus de 500 milliards de tonnes par an depuis l’an 2000, soit six piscines olympiques toutes les secondes. Mais les modèles climatiques avaient jusqu’à présent sous-estimé leur contribution à la future montée du niveau des océans, en ne prenant en compte que l’effet de la hausse des températures de l’air sur la glace - et en négligeant les interactions complexes entre l’atmosphère, les océans, les calottes et certains glaciers.
Un point de bascule à 1,8 °C
Des chercheurs basés en Corée du Sud et aux Etats-Unis ont établi quelle serait l’élévation du niveau des mers d’ici 2050 en fonction des différents scénarios des experts climats du GIEC. En cas de poursuite des politiques climatiques actuelles, la fonte en Antarctique et au Groenland se traduirait par une hausse d’environ un demi-mètre du niveau des eaux. Un chiffre qui grimperait à 1,4 mètre dans un scénario du pire, en cas de hausse importante des émissions de gaz à effet de serre.
L’étude, publiée dans la revue Nature Communication, précise également le moment où l’emballement de la fonte et une désintégration incontrôlable de ces calottes glaciaires pourraient intervenir. « Notre modèle a des seuils entre 1,5 °C et 2 °C de réchauffement - 1,8 °C étant notre meilleure estimation - pour l’accélération de la perte de la glace et l’augmentation du niveau des mers », a expliqué à Fabian Schloesser, de l’université d’Hawaï, coauteur de l’étude. Les températures se sont déjà élevées de près de 1,2 °C dans le monde depuis l’ère pré-industrielle.
Les scientifiques savaient depuis longtemps que les calottes glaciaires de l’Antarctique occidental et du Groenland - qui pourraient élever le niveau des océans de 13 mètres à long terme - avaient des « points de bascule » au-delà desquels leur désintégration serait inévitable. Mais les températures associées à ce phénomène n’avaient jamais été précisément identifiées.
D’autres études alarmantes
D’autres études publiées cette semaine dans Nature montrent par ailleurs que le glacier de Thwaites, dans l’ouest de l’Antarctique, se fracture d’une manière insoupçonnée. Ce glacier de la taille de la Grande-Bretagne s’est déjà rétracté de 14 km depuis les années 1990 mais le phénomène n’était pas bien compris, par manque de données. Des scientifiques britanniques et américains ont foré un trou d’une profondeur de 600 mètres au travers de l’épaisse langue de glace poussée par Thwaites dans la mer d’Admundsen. Ils y ont découvert des signes d’érosion accélérée - avec des formations en forme d’escalier inversé - ainsi que des fissures ouvertes par l’eau de mer.
Une autre étude, publiée dans la publication Earth’s Future, souligne pour sa part que l’élévation des océans détruira des terres arables ainsi que des sources d’eau potable et forcera des millions de personnes à l’exil plus tôt que prévu. « Le temps dont nous disposons pour nous préparer à une exposition plus importante aux inondations peut être bien moins important que ce qui était supposé jusqu’à présent », concluent les auteurs. Des dizaines de millions de personnes sont particulièrement vulnérables dans les zones côtières de pays comme le Bangladesh, le Pakistan, l’Égypte, la Thaïlande, le Nigeria ou le Vietnam.