InfrastructureFeu vert environnemental (limite orange) pour l’autoroute Toulouse-Castres

Feu vert environnemental (mais limite orange) pour l’autoroute Toulouse-Castres

InfrastructureL’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, qui suscite une forte opposition, a obtenu l’avis favorable de la commission d’enquête sur son impact environnemental. Avec deux réserves toutefois
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • La future autoroute entre Toulouse et Castres (Tarn) vient d’obtenir ses autorisations environnementales.
  • Cet avis favorable de la commission d’enquête est cependant assorti de plusieurs critiques, dont une sur le coût excessif du péage envisagé.
  • Et, curieusement, il donne du grain à moudre aux opposants à cette autoroute A69.

Véritable serpent de mer depuis trois décennies, l’autoroute Toulouse-Castres, baptisée A69, franchit une étape de plus. Après avoir étudié les 6.266 observations faites sur le dossier par les citoyens concernés, la commission d’enquête publique chargée d’évaluer son impact environnemental vient de donner son feu vert. « A l’unanimité » qui plus est.

Elle estime qu’Atosca, la société concessionnaire de cette infrastructure qui permettra de gagner 23 minutes sur le trajet entre la Ville rose et la sous-préfecture du Tarn, a « traité avec sérieux » le sujet et a proposé des « mesures d’évitement, de réduction et de compensation (ERC) pour en limiter les effets [sur l’environnement] suffisantes ».

Un péage trop cher pour les ménages modestes

Mais à lire les réflexions préalables des commissaires enquêteurs, l'A69 est encore loin d’être parfaite. Ils insistent notamment sur « l’importante perte de terres agricoles et naturelles (343 hectares en tout) » qu’ils jugent « incompensable ». Ils sortent aussi de leur sillon environnemental pour écrire que le coût du péage – annoncé à 16,80 euros pour un aller-retour – « exclura les plus modestes et coûtera cher aux actifs ». Ils pointent enfin que ceux qui voudront éviter l’autoroute en s’engageant sur la bonne veille nationale 126 perdront, eux, « douze minutes » par rapport à l’itinéraire actuel.



La commission d’enquête a donc assorti son avis favorable de deux réserves, que le concessionnaire devra s’employer à lever, sous peine de s’exposer à des recours juridiques. La première concerne une réduction du coût du péage, la commission préconisant que l’Etat et les collectivités – dont la participation de 220 millions d’euros initialement envisagée est passée à 23 millions d’euros « seulement » dans le contrat de concession – contribuent davantage à la construction de l’autoroute pour ne pas faire exclusivement supporter son coût aux usagers. La deuxième réserve, plus facile à lever, se rapporte à la sécurisation d’une route pendant les travaux à hauteur de la commune de Verfeil.

« La lutte se déplace »

« S’ouvre maintenant une phase de décision administrative », commente sobrement la préfecture de région, assurant que l’Etat « vérifiera si les conditions d’autorisation du chantier sont réunies », en fonction notamment de la levée de ces réserves.

Le collectif La Voie est Libre (LVLV), opposant historique à ce projet qu’il trouve « archaïque et destructeur », est beaucoup volubile. Les nombreuses critiques du projet contenues dans l’épais rapport de la commission ne lui ont pas échappé, ni la contradiction de la conclusion. « Comment peut-elle donner un avis favorable à ce projet tout en dénonçant (sic) ces conséquences lourdes et définitives ? », demande LVEL.

Ses membres appellent à la mobilisation. Curieusement, cette étape favorable au projet les ragaillardit. « Au-delà de l’avis favorable et de réserves que le concessionnaire ne manquera pas de lever, les conclusions de l’enquête publique contiennent tout ce qu’il faut pour alimenter le recours et les référés suspension qui en découleront. La lutte se déplace en partie sur le terrain du droit », estime même Alain Hébrard, l’un de ses membres. La voie n’est pas encore tout à fait libre.