Animaux 2.0 : Les rats sont-ils vraiment des nuisibles ?
RATATOUILLE•Empoisonnement, noyade, piège… Faut-il arrêter de tuer les rats et utiliser la contraception ?
Suzana Nevenkic
Qu’on les appelle surmulot, rat brun ou encore « Rattus norvegicus », les rats ont souvent mauvaise réputation mais est-ce vraiment justifié ? Dans ce premier numéro d’Animaux 2.0, nous interrogeons la notion de « nuisible » et les méthodes de dératisation utilisées en France en comparant les « arguments pour » et les « arguments contre ». Tout se trouve dans la vidéo en tête de cet article !
À Paris, Geoffroy Boulard, maire du 17e, s’est fait connaître par son combat contre les rongeurs. En 2018, il a lancé un site participatif « signaler un rat » et coordonne une brigade citoyenne de dératisation dans son arrondissement. Selon lui, il s’agit d’une question de santé publique, « le rat, c’est vecteur de maladies. En surface, on ne peut pas le laisser proliférer près des habitations ». Il ne croit pas en la cohabitation avec l’animal et dénonce certaines associations « militantes et extrémistes ».
Sur ces points, Amandine Sanvisens, cofondatrice de l’association Paris Animaux Zoopolis (PAZ) est en désaccord avec l’élu. La terminologie de nuisible a pour but, selon elle, de retirer le droit de vivre aux animaux. « Ce sont des êtres sensibles qui vivent, comme nous humains. Donc oui, ils se reproduisent et construisent des terriers », militant ainsi pour une politique axée sur la condition animale et non sur la santé publique ou la propreté.
Une contraception massive des rats ?
Pour lutter contre la prolifération des rats, les collectivités françaises utilisent, entre autres, l’empoisonnement chimique, la noyade ou des pièges mécaniques. Geoffroy Boulard teste aussi une nouvelle méthode, inspirée de sa rencontre en 2018 avec le maire de New York, la glace carbonique.
Utilisée dans des terriers situés en surface, elle provoque une asphyxie lente des rongeurs. Si pour l’élu cette technique n’est ni « cruelle » ni « violente », Amandine Sanvisens affirme qu’elle provoque un stress intense chez le rat et que la méthode est « similaire à de la noyade ».
Pour prendre en compte la condition animale, l’association PAZ demande l’arrêt des méthodes létales et propose de tester une contraception massive des rongeurs. Déjà utilisée par plusieurs États, aux États-Unis, la contraception se fait par voie orale et en continu. « On s’attaquerait ainsi à la racine du problème en limitant la fertilité des rats et c’est éthique puisqu’il n’y a pas de souffrance ».
Pour le maire du 17e, il faut utiliser « toutes les techniques » à disposition pour limiter la présence des rats sur l’espace public en ville. En revanche, la contraception comme unique méthode « ne suffira pas ».
Alors peut-on cohabiter ou non avec les rats en ville ? Faut-il les tuer ou tester la contraception ? Donnez-nous votre avis dans les commentaires. Et si vous avez des questions sur d’autres sujets de société concernant les animaux, n’hésitez pas à nous les indiquer aussi.