Etats-Unis : Rafales à 110 km/h, inondations... Tout savoir sur la « bombe cyclonique » qui s'attaque à la Californie
Intempéries•D’après Nancy Ward, directrice des services d’urgence de Californie, « il s’agirait peut-être de la série de tempêtes la plus difficile à affronter et ayant le plus d’impact sur la Californie au cours des cinq dernières années »N.T. avec AFP
L'essentiel
- Depuis mercredi, un torrent d’averses s’abat sur la Californie, accompagné de vents très forts. Le service météorologique américain (NWS) a prévu pour jeudi des rafales susceptibles d’atteindre 110 km/h et des pluies très intenses avec plus de 10 centimètres de précipitations prévues dans la baie de San Francisco.
- Les autorités californiennes ont appelé les habitants de certains quartiers à évacuer ou à se barricader. Mercredi matin, plus de 186.000 personnes étaient toujours privées d’électricité.
- Les conséquences de ces pluies sont amplifiées par une succession de tempêtes qui ont rendu les sols imperméables, pouvant causer de soudaines inondations, des chutes d’arbres ou des glissements de terrain. 20 Minutes fait le point sur l’avancée de la tempête.
«Nous sommes très inquiets. » Comme Deepak Srivastava, habitant de San Francisco, des millions de Californiens ont ordre d’évacuer ou de se barricader dans leur domicile depuis mercredi. Une semaine après le passage d’une « bombe cyclonique », qui a littéralement congelé le nord des Etats-Unis avec des températures inférieures à -31 °C, une seconde frappe de plein fouet la Californie depuis mercredi, porteuse de vents violents et des pluies torrentielles. Depuis le début de l’hiver, la Californie subit tempête sur tempête.
« Il s’agirait peut-être de la série de tempêtes la plus difficile à affronter et ayant le plus d’impact sur la Californie au cours des cinq dernières années », a déclaré Nancy Ward, directrice des services d’urgence de Californie, sur CNN. 20 Minutes revient ce jeudi sur cette tempête hors normes.
Quand ont commencé ces pluies diluviennes ?
Mercredi, les premières pluies violentes se sont abattues sur la côte ouest américaine. Le nord de la Californie, surtout autour de San Francisco et Sacramento, est la région la plus touchée. Le service météorologique américain (NWS) a prédit des vents susceptibles d’atteindre 110 km/h et des pluies très intenses avec jusqu’à dix centimètres de précipitations prévues dans la baie de San Francisco, ainsi que plus d’un mètre de neige sur les montagnes de la Sierra Nevada.
Mercredi, le vent a soufflé à plus de 130 km/h à Nicasio Hills. Dans certains comtés de la région (Mendocino, Santa Cruz, Santa Clara), plusieurs routes ont été coupées à la suite d’inondations, de chutes d’arbres ou de glissements de terrain. Dans la nuit de mercredi à jeudi, 178.000 foyers et commerces ont été privés de courants. Ce jeudi, à 10h30, plus de 186.000 personnes étaient toujours sans électricité, selon le site PowerOutage. Mercredi, 80 vols vers ou depuis l’aéroport de San Francisco étaient annulés, selon le site Flightaware.
Quelles dispositions ont été prises par les autorités locales ?
Les autorités ont mis en garde la population contre les glissements de terrain et les inondations, prévenant que cette tempête était capable de faire des morts. Au vu des prévisions de météorologues, les autorités locales ont immédiatement appelé la population à se calfeutrer, voire à évacuer, comme dans le district de Santa Cruz. « Si vous vivez dans cette zone rouge […] il vaut mieux : jouer la sécurité, évacuer et se conformer à l’ordre », a déclaré Das Williams, superviseur du premier district du comté de Santa Barbara, faisant référence aux dizaines de morts causés depuis cinq ans par ces pluies hivernales.
Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a décrété l’état d’urgence mercredi matin pour faciliter la réponse des secours et fluidifier la réaction des autorités en cas d’incident. San Francisco a mis en place un centre d’opérations d’urgence et interrompu la circulation de ses fameux téléphériques. « Si vous n’avez pas d’obligations d’être dehors à San Francisco, évitez de sortir sur la route », a prévenu Rachel Gordon, une responsable du département des travaux publics de la ville. Des milliers de sacs de sable ont été distribués aux habitants des zones à risque.
Bars et restaurants sont restés fermés mercredi et certains habitants de San Francisco ont été priés de travailler de chez eux. Les pompiers de la ville ont fait état de plusieurs chutes d’arbres mercredi matin et de quelques inondations mineures, avant l’arrivée du cœur de la tempête ce jeudi.
Pourquoi ces pluies à répétition font tant de dégâts ?
Les causes de cette tempête, à savoir un système dépressionnaire, sont assez classiques : deux masses d’air, une très froide et l’autre tropicale, se rencontrent, faisant chuter la pression atmosphérique. Une dépression est un système de basse pression atmosphérique, souvent synonyme de mauvais temps : sa dynamique entraîne des courants ascendants qui provoquent des nuages et des précipitations. A la différence d’un simple épisode de pluie, ici la pression atmosphérique a chuté de 24 hectopascals (hPa) en vingt-quatre heures, d’après le NWS. C’est ce qu’on appelle une « genèse explosive » (ou « bombe cyclonique »). De plus, la pluie de ces derniers jours provient d’une « rivière atmosphérique », une bande étroite dans l’atmosphère, semblable à un fleuve, qui transporte d’énormes quantités d’humidité depuis les tropiques.
Mais dans cet épisode pluvieux, la « bombe cyclonique » et la « rivière atmosphérique » ne sont pas les seules responsables des conséquences des pluies diluviennes actuelles. Le nord de la Californie souffre encore des conséquences d’une série de tempêtes. La dernière en date a déferlé le soir du réveillon et a provoqué des glissements de terrain et des coupures d’électricité. Au moins une personne est morte après avoir été piégée dans sa voiture par les inondations.
Le 31 décembre, San Francisco a enregistré le deuxième jour le plus pluvieux de son histoire depuis le lancement de cette mesure, avec 14 centimètres de précipitations. Or, les sols de la région, drainés par la sécheresse qui frappe l’Ouest américain depuis deux décennies, ont du mal à absorber un nouveau déluge, ce qui augmente le risque d’inondations éclairs. « Habituellement, des quantités de pluie comme celles attendues cette semaine n’auraient pas d’effet significatif. Mais les pluies du week-end dernier ont saturé le sol dans une grande partie de la Californie, expliquent des météorologistes dans le New York Times, le laissant comme une éponge humide et le rendant plus sensible aux inondations et au ruissellement rapide. »
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Combien de temps avant que les pluies s’arrêtent ?
Dans son dernier bulletin daté de jeudi matin, le National Weather Service, l’équivalent de Météo-France aux Etats-Unis, prévoit, après un pic des précipitations ce jeudi, une légère accalmie pour la journée de vendredi. Cependant, les pluies devraient repartir de plus belle dimanche, et durer jusqu’à mardi prochain a minima. Selon les météorologistes, la série de tempêtes qui s’abat actuellement sur la Californie n’est donc pas près de s’arrêter. « Nous en attendons une autre au cours du week-end, annonce le météorologiste Matt Solum. Et ensuite, potentiellement plusieurs tempêtes pour la semaine prochaine. Et possiblement la semaine suivante aussi. »
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