Lyon : Des militants s’introduisent sur un site Arkema pour dénoncer la pollution
ACTION•Samedi après-midi, vingt militants d’Extinction Rebellion ont été interpellés à Lyon après des actions menées contre le site d’Arkema et un bâtiment publicC.G. avec AFP
L'essentiel
- Des militants d’Extinction Rebellion ont pénétré samedi sur le site d’Arkema à Pierre-Bénite afin de dénoncer une « pollution de l’environnement », accusant le groupe de déverser ses eaux polluées dans le Rhône.
- Vingt personnes ont été interpellées.
- Le magazine Envoyé Spécial avait révélé qu’Arkema rejetait des perfluorés suspectés d’être cancérogènes dans la commune.
Samedi vers 13h45, des militants d’Extinction Rebellion (ER) ont pénétré sur le site d’Arkema à Pierre-Bénite (Rhône) pour dénoncer une « pollution de l’environnement » tout en menant une autre action dans un bâtiment public à Lyon, a-t-on appris auprès de l’organisation et de la préfecture qui a fait état de 20 interpellations.
Un porte-parole d’ER a indiqué à l’AFP que les militants avaient coupé le grillage avant de pénétrer sur le site d’Arkema, situé dans ce qui est connu comme « la vallée de la chimie » tandis que le groupe Arkema évoque « une intrusion et des dégradations ».
« Les forces de l’ordre sont arrivées en renfort à 14h15 et la situation a été rapidement maîtrisée », ajoute-t-il dans un communiqué par la voix de son directeur Pierre Clousier qui « condamne de tels actes contre l’outil de travail de 1.000 salariés ».
Arkema accusé de reverser des perfluorés suspectés d’être cancérogènes
Les militants ont déployé des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Eau contaminée, Arkema déverse ses déchets dans le Rhône » ou « Arkema producteur de polluants éternels depuis 1960 ». Ils ont exigé l’arrêt total de la production de polluants éternels, des rejets d’eau usagée dans le Rhône, la dépollution complète du site et de ses alentours au frais d’Arkema, et le « dédommagement des victimes des pollutions d’Arkema ».
« Le préfet du Rhône condamne fermement ces actions et salue l’intervention rapide des forces de l’ordre pour (y) mettre un terme » et « limiter les dégradations », a ajouté la préfecture. « Aucune violation de l’intégrité des installations sensibles n’a été constatée par l’entreprise Arkema », a-t-elle précisé.
Enquête d’Envoyé spécial
En mai, le maire de Pierre-Bénite, Jérôme Moroge, avait déposé une plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui après les révélations de l’émission Envoyé spécial sur le rejet de perfluorés suspectés d’être cancérogènes dans sa commune.
Dans ce reportage, le journaliste a réalisé lui-même des prélèvements d’eau, d’air, de sol et de lait maternel à proximité de l’usine Arkema, analysés ensuite dans un laboratoire aux Pays-Bas, et qui contenaient des taux de perfluorés supérieurs à différents seuils.
Parfois appelés « polluants éternels », les perfluorés (PFC) et polyfluoroalkylés (PFAS) sont une famille de composés chimiques de synthèse regroupant plus de 4.700 molécules soupçonnées pour certaines d’avoir un impact sur la santé.
Dans son communiqué, la préfecture assure que « depuis plus de six mois, les services de l’État en Auvergne-Rhône-Alpes ont renforcé leur mobilisation pour contrôler et faire diminuer la présence de PFAS au sud de Lyon ». « Par arrêté, le préfet du Rhône a prescrit à Arkema en septembre 2022, de cesser d’utiliser tout additif PFAS d’ici fin 2024 », rappelle-t-elle.
« Le site a toujours travaillé en coopération avec les pouvoirs publics et fait preuve de dialogue et de transparence avec les riverains et les salariés », a assuré de son côté Arkema.