COP15 : Le secrétaire général de l’ONU demande à l’humanité de cesser sa « guerre à la nature »
BIODIVERSITE•Selon Antonio Guterres, « notre appétit sans limite pour une croissance économique incontrôlée et inégale » fait de nous une « arme d’extinction massive »20 Minutes avec AFP
Alors que vont débuter ce mercredi les travaux de la COP15 sur la biodiversité, Antonio Guterres a tenu une nouvelle fois à tirer la sonnette d’alarme. L’humanité est devenue une « arme d’extinction massive » et il est temps de cesser notre « guerre à la nature », a-t-il ainsi déclaré mardi.
Le secrétaire général de l’ONU a critiqué « notre appétit sans limite pour une croissance économique incontrôlée et inégale », lors du lever de rideau de cette conférence à Montréal, qu’il voit comme « notre chance d’arrêter cette orgie de destruction ».
Un million d’espèces menacées d’extinction
Depuis sa prise de fonction en 2017, Antonio Guterres, ancien Premier ministre portugais, a fait du changement climatique son cheval de bataille. Ses dénonciations enflammées lors de l’ouverture solennelle de la réunion COP15 montrent que le sort des plantes et des animaux et des milieux naturels menacés lui tient à cœur. Il s’exprimait dans la foulée du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, dont l’intervention a été interrompue par les tambourins d’une dizaine de représentants d’un peuple autochtone local.
Les défis que la COP15 doit relever sont considérables : un million d’espèces sont menacées d’extinction, un tiers des terres sont gravement dégradées et les sols fertiles disparaissent, tandis que la pollution et le changement climatique accélèrent la dégradation des océans.
Plus de 190 pays se réunissent du 7 au 19 décembre pour tenter de sceller un pacte décennal pour la nature et éviter ainsi une sixième extinction de masse. Mais l’issue des négociations, portant sur une vingtaine d’objectifs destinés à sauvegarder les écosystèmes d’ici 2030, reste incertaine.
« Nous nous suicidons par procuration »
« Aujourd’hui nous ne sommes pas en harmonie avec la nature, au contraire nous jouons une mélodie bien différente », une « cacophonie du chaos jouée avec des instruments de destructions », a résumé le secrétaire général de l’ONU. « En fin de compte, nous nous suicidons par procuration », a-t-il ajouté, avec des répercussions sur l’emploi, la faim, la maladie et la mort. Les pertes économiques dues à la dégradation des écosystèmes, quant à elles, sont estimées à 3.000 milliards de dollars par an à partir de 2030.
Parmi la vingtaine d’objectifs en discussions, l’ambition phare, surnommée 30x30, vise à placer au moins 30 % des terres et des mers du globe sous une protection juridique minimale d’ici 2030, contre respectivement 17 % et 10 % dans l’accord précédent de 2010. Il sera aussi question des subventions néfastes à la pêche et à l’agriculture, de lutter contre les espèces invasives et de la réduction des pesticides.
Mais une fois encore, la question du financement de ces mesures pourrait être un point de blocage. Le manque de leadership politique pourrait aussi se faire sentir : en dehors du Premier ministre canadien, aucun chef d’État ou de gouvernement n’est attendu à Montréal, alors qu’ils étaient plus de 110 en Egypte en novembre pour la COP27.