Bretagne : 26 pesticides, dont huit interdits, détectés dans l’air
Agriculture•Les sites ruraux les plus proches des grandes cultures agricoles sont logiquement les plus exposésCamille Allain
L'essentiel
- Une analyse de la qualité de l’air a été menée en Bretagne pour y détecter la présence de produits phytosanitaires.
- Les relevés menés par Air Breizh ont permis d’identifier plusieurs pesticides fréquemment utilisés par certains agriculteurs.
- Huit produits toxiques interdits ont notamment été découverts lors de cette étude.
Des fongicides pour lutter contre les champignons, des insecticides, un rodenticide pour éradiquer les rongeurs et un acaricide contre les acariens. Pendant un an, Air Breizh a analysé l’air de trois sites de Bretagne afin de vérifier si des produits toxiques issus de l’agriculture dite « conventionnelle » étaient respirés par les habitants. Et la réponse est oui. À l’occasion de la trentaine de prélèvements réalisés en 2021, l’association de surveillance de la qualité de l’air a détecté 26 pesticides, parmi les 77 substances qu’elle a recherchées. Parmi ces 26 produits, huit sont des produits interdits d’utilisation.
Les analyses ont été menées sur trois sites. L’un très rural situé à Kergoff, dans le centre Bretagne. Lui est entouré de parcelles agricoles servant aux grandes cultures, tout comme le secteur de Mordelles, plus urbain car proche de Rennes (Ille-et-Vilaine). Et enfin le site de Rennes Pays-Bas, implanté dans les quartiers sud de la capitale bretonne. « Les top 5 des substances les plus détectées sur ces 3 sites sont identiques. Malgré cela, les niveaux de concentration diminuent en fonction de l’éloignement des parcelles agricoles : le site urbain présente ainsi les niveaux les plus faibles », assure Air Breizh.
Les herbicides sont majoritaires parmi les substances détectées. Les concentrations les plus élevées ont été enregistrées à l’automne et grimpent jusqu’à quelques dizaines de nanogrammes par mètre cube d’air. Le constat n’est pas surprenant : ces produits sont parmi les plus vendus en France. Mais pourquoi certaines substances interdites persistent ? Plusieurs raisons sont fournies par Air Breizh, qui évoque une possible « forte rémanence dans les sols » mais aussi des usages illicites en cas de stock résiduel. « Il pourrait s’agir du chlorothalonil dont l’interdiction date de mai 2020 », relève Air Breizh. Les quatre substances les plus mesurées sont la pendiméthaline, le prosulfocarbe, le S-métolachlore et le triallate.
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