FAST FASHION« On peut allier écologie et mode », selon les stylistes de demain à Monaco

Monaco : « On peut allier écologie et mode », assurent les stylistes de demain

FAST FASHIONA l’occasion de la Semaine européenne de la réduction des déchets avec le thème du textile, le musée océanographique de Monaco a invité 70 étudiants pour les sensibiliser aux enjeux écologiques liés à la mode
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Pour sensibiliser les jeunes aux conséquences de la fast fashion sur l’écologie mais aussi montrer qu’il existe d’autres manières de consommer et de créer, le musée océanographique de Monaco a organisé une journée de sensibilisation pour 70 étudiants.
  • A travers des challenges, le musée a voulu les rendre acteurs lors de cette journée en leur permettant d’acquérir des conseils techniques sur comment « upcyclés » un vêtement et ne pas le jeter.
  • Plusieurs marques de mode locales et engagées étaient également présentes pour montrer « que c’est possible ».

«On est en train d’arranger un vieux tee-shirt, trop grand et large, en robe », lance Clara, en classe de seconde au lycée François d’Assise-Nicolas Barré à Monaco. Guidée par une professeure du lycée professionnel des Palmiers de Nice, elle trace une ligne pour « ajuster la taille » après avoir défait les manches. Avec 70 autres étudiants, elle participe au « challenge » organisé par le musée océanographique de Monaco à l’occasion de la semaine européenne de la réduction des déchets avec le thème du textile.

« Cette industrie génère énormément de pollution dans les océans, surtout la fast fashion qui consiste à renouveler très rapidement des vêtements proposés à la vente, plusieurs fois par saison, voire par mois, développe Serge Gobbi, organisateur de l’événement et chef du service accueil au musée. Etant donné que le cœur de cible ce sont les jeunes, on a voulu proposer une action qui les touche en les mettant en lien avec des acteurs locaux déjà engagés. »

« Ça va avoir un impact sur notre avenir »

La salle de conférences du musée a alors été transformée en atelier de couture avec des bouts de tissus qui traînent sur les tables à côté d’un pistolet à colle, de la machine à coudre, de ciseaux et d’un mètre. Pour ce « challenge upcycling », les étudiants doivent réaliser des vêtements sur le thème « polaire » à partir de matériaux recyclés.

Près d’un mannequin, Arina, 15 ans, examine le rendu de sa jupe en fourrure, qu’elle a cousu à la main. « J’achète beaucoup de vêtements et j’adore la mode, sauf que je ne m’y connais pas. Je suis très contente d’être là parce que c’est un événement qui nous fait participer contrairement aux conférences où on est passif. Là, on agit et en plus, on apprend des techniques qui nous serviront pour la prochaine fois où on voudra jeter un habit. »


Maiyan et Stella, contrées à créer leur vêtement éco responsable lors du challenge organisé par le musée océanographique de Monaco pour la semaine de la réduction des déchets
Maiyan et Stella, contrées à créer leur vêtement éco responsable lors du challenge organisé par le musée océanographique de Monaco pour la semaine de la réduction des déchets - E. Martin / ANP / 20 Minutes

Un peu plus loin, Maiyan et Stella, toutes les deux en bac professionnel métiers de la mode, travaillent sur un haut qu’elles veulent avec « des froufrous » qui rappellent « l’ours ». « Tout en montrant ce qu’on sait faire en dehors des cours, on prouve que la mode peut être liée à l’écologie », lance la première étudiante de 18 ans. Elle ajoute : « Au début de ma formation, je n’imaginais pas que lorsque je lancerai ma marque, elle serait écoresponsable. Mais maintenant, c’est évident. Et ce genre d’événement, ça va avoir un impact sur nous tous, sur nos choix futurs, c’est sûr. »

« On a tous une responsabilité de citoyen envers le réchauffement climatique »

Mais cette révolution et ces prises de conscience sont récentes dans le milieu. Faouzia Hammadi, une des professeures du lycée professionnel de Nice, développe : « On a peut-être commencé à entendre parler d’écologie il y a vingt-cinq ans dans la mode mais c’est entré dans les établissements et dans les classes il y a seulement deux ou trois ans. Aujourd’hui, ces jeunes sont nos stylistes de demain et il faut qu’ils s’imprègnent des enjeux environnementaux. »

Et pour les inspirer, une dizaine de créateurs locaux et engagés étaient également invités à cette sensibilisation. Parmi eux, Inès Bensalah, 24 ans, fondatrice de la marque Inessa Créations, du « prêt-à-porter de luxe ». « On fait partie de cette génération impliquée qui boycotte les entreprises qui ne respectent pas l’environnement et les droits humains et qui transmet à nos aînés, affirme-t-elle. Quand je me suis lancée, j’avais 20 ans, et pour moi, ça me semblait simplement naturel que le haut de gamme puisse aller avec l’écodurabilité. On a tous une responsabilité de citoyen envers le réchauffement climatique. »

Faire de ces étudiants, des « consommacteurs »

Elle montre l’exemple aux élèves qu’il est possible de « créer une mode belle avec des valeurs ». Ses vêtements sont conçus à partir de récupérations destinées à être jetés, avec de la peinture organique, du plastique recyclé mais aussi « du cuir de pomme et d’algues ».



Ainsi, ces challenges permettent « d’expliquer comment utiliser des déchets pour en faire des vêtements, créer une marque responsable mais aussi donner des conseils pour revaloriser ce qu’on possède déjà », indique Julie Morel, responsable RSE et développement durable au musée. Elle conclut : « On montre aux étudiants que c’est possible et qu’ils peuvent être des "consommacteurs" dans ce domaine. »