Lille : Quand le recyclage touche à l’intime avec les sous-vêtements de seconde main
SECONDE VIE•Deux Lilloises ont fait le pari d’appliquer le principe de la seconde main et du recyclage aux soutiens-gorgeMikaël Libert
L'essentiel
- Deux Lilloises ont créé la start-up AbracadaBra pour récupérer et recycler les soutiens-gorge de seconde main.
- En un an, elles ont pu collecter des milliers de pièces, remises à neuf et proposées à des tarifs très abordables.
- Leur démarche a séduit RougGorge, la marque de lingerie du groupe Mulliez, avec laquelle AbracadaBra a noué un partenariat.
La planète ne doit pas être victime de la mode. On le sait, la fast fashion est sans doute ce qui se fait de pire pour l’environnement. Consommation d’eau, d’énergie et déchets à ne plus savoir quoi en faire. Alors, le vintage, la seconde main, le recyclage et même l’upcyclage sont mis en avant pour tâcher de faire baisser la facture environnementale des vêtements. Et si le concept marche plutôt pas mal pour le tout-venant, hauts, bas, manteaux, qu’en est-il des sous-vêtements. Pour les soutifs, deux Lilloises se sont dit que ça pouvait le faire. Et ça l’a fait. A tel point que RougeGorge, la marque de lingerie du groupe Mulliez, a décidé de suivre l’aventure d’AbracadaBra.
« On a toutes des soutifs qui traînent dans nos placards et qui ne servent plus. Avec mon amie Marie, on s’est dit que c’était dommage parce que ça pouvait encore servir », explique Margaux Plus, co-fondatrice d’AbracadaBra.
Le soutif de seconde main séduit
Et, à en croire nos lectrices, l’idée n’est pas si saugrenue, la majorité de celles qui ont répondu à notre appel étant prêtes à sauter le pas. « Si j’ai la preuve que c’est fait dans des conditions optimales, je pourrais l’accepter pour ce qui est des soutiens-gorge », affirme Emma. « Acheter de la lingerie de seconde main ne me pose pas plus de problème que d’acheter un manteau ou un pull », renchérit Marie. « Je consomme déjà des soutiens-gorge upcyclés, par souci économique », reconnaît Anaelle.
« La barrière psychologique est vite passée lorsque l’on met en avant certains arguments, comme le nettoyage, la remise en état, le SAV et surtout le prix », estime Margaux Plus. Et c’est ce dernier argument qui est déterminant, la seconde main permettant aux clientes d’AbracadaBra de se payer des soutifs de marques haut de gamme pour un prix moindre. « On peut être jusqu’à soixante euros moins cher que du neuf, avec la même qualité », ajoute la co-fondatrice.
Moins cher, sans conséquence sur l’environnement, un choix quasi infini. Autant d’arguments qui ont séduit les clientes d’AbracadaBra depuis le lancement, en janvier dernier, et plus récemment la marque RougeGorge dans sa démarche RSE. Mais il y a autre chose, la taille : « En magasin, on va du 85A au 110G. Le partenariat avec AbracadaBra nous permet de proposer à nos clientes des tailles jusqu’au 135H, ce qui est presque impossible à trouver », confie à 20 Minutes Amélie, la responsable de la boutique RougeGorge de Lille. D’ailleurs, selon elle, il existe peu de réticences à l’achat de soutiens-gorge d’occasion : « Ça peut être parce qu’on ne trouve pas sa taille ou pour les femmes qui n’achètent que des ensembles », estime-t-elle.
Pour les culottes, « c’est plus compliqué »
Mais, pour ce dernier problème, AbracadaBra a peut-être la solution. « On n’envisage pas de recycler les culottes, tranche Margaux Plus. Pour ce sous-vêtement, c’est plus compliqué à faire accepter. » Nos lectrices sont bien de cet avis, exception faite de celles qui n’ont pas été portées. En revanche, AbracadaBra réfléchit à confectionner ses propres culottes à partir de tissus de récupération. « L’idée n’est pas de refaire des ensembles, mais plutôt des bas qui pourront être assortis avec plusieurs hauts », précise la co-fondatrice.
Le partenariat avec RougeGorge court pour une durée de six mois dans deux magasins de la métropole lilloise, à Lille et Roncq. Une phase de test qui pourra être étendue dans le temps et à d’autres boutiques si les résultats s’avèrent probants. Cela permet aussi à la start-up d’ajouter deux points de collecte de soutifs à une liste déjà bien fournie. En dix mois, les deux amies ont réussi à collecter entre 10 et 15.000 pièces de lingerie. Une goutte d’eau au regard de ce qui traîne dans les placards, mais un exploit si l’on considère qu’aucune filière de recyclage de soutiens-gorge n’existait avant AbracadaBra.
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