Emmanuel Macron invite les gros pollueurs à l’Elysée

Gaz à effet de serre : Lafarge, ArcelorMittal, TotalEnergies… Emmanuel Macron invite les gros pollueurs à l’Elysée

environnementLe chef de l’Etat veut accélérer la décarbonation des grands sites industriels français, responsables de 20 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’Hexagone
Manon Aublanc

Manon Aublanc

L'essentiel

  • Emmanuel Macron réunit, ce mardi, les représentants des 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre en France.
  • Face à l’accélération du changement climatique, l’Etat veut pousser ces géants de l’industrie à accélérer leur décarbonation.
  • Emmanuel Macron pourrait leur annoncer un coup de pouce financier de l’Etat, a laissé entendre l’Elysée.

A peine rentré de Charm el-Cheikh, en Egypte, où se tient la COP27, c’est un autre dossier environnemental qui attend Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat réunit, ce mardi, les dirigeants des cinquante sites français les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES). L’objectif : pousser ces entreprises à accélérer leur décarbonation.

Et pour cause, l’industrie représente 20 % des émissions de gaz à effet de serre en France. « L’enjeu, c’est d’arriver à convaincre les dirigeants de ces grands sites-là à se lancer dans des plans d’investissement massifs », a fait savoir l’Élysée en amont de cette réunion.

Doubler les réductions de gaz à effet de serre

A eux seuls, ces cinquante sites représentent la moitié des émissions de l’industrie et 10 % du total pour la France, l’équivalent « des émissions de CO2 de 4 millions de Français », observe-t-on à l’Elysée. La bonne nouvelle, c’est que le nombre de sites concerné est relativement limité. « Ça offre une perspective sur la capacité qu’on a à les décarboner », plaide-t-on du côté de la présidence.

D’autant plus que ces émissions se concentrent sur quelques filières bien identifiées, comme la métallurgie, le ciment, la chimie. Parmi les cinquante sites, on retrouve des grands noms de l’industrie française : ArcelorMittal, TotalEnergies, Calcia, Lafarge, Saint-Gobain ou encore Air Liquide.

Si la France a déjà réussi à réduire de 10 % ses émissions de gaz à effet de serre en cinq ans - entre 2017 et 2022 –, l’exécutif veut mettre un coup d’accélérateur et « doubler le rythme de réduction dans le quinquennat qui vient », a martelé la présidence. Car entre les conclusions du rapport du GIEC et l’accélération des impacts du changement climatique ces derniers mois, il y a urgence.

« Offrir un avenir industriel »

Pour encourager ces sites à débuter un processus de décarbonation, Emmanuel Macron devrait faire un certain nombre d’annonces. Parmi les sujets qui devraient être abordés, il y aura celui du soutien financier de l’Etat, a laissé entendre l’Elysée, sans donner plus de détails.

Au-delà de la lutte contre le réchauffement climatique, la décarbonation est un enjeu clé de la concurrence mondiale. « On est dans un monde globalisé avec des approches extrêmement agressives de la part d’autres pays qui font que les industriels sont placés dans une certaine forme de tension », a expliqué un conseiller présidentiel, en relevant les moyens déployés par la Chine et les Etats-Unis pour attirer des industriels qui veulent se décarboner.

« Il faut arriver à ce que les investissements se fassent sur nos sites industriels en France, c’est critique à la fois pour l’emploi et la souveraineté » des Etats, a-t-il ajouté, faute de quoi les sites seront « à terme condamnés ». « Ce qu’on cherche avant tout, c’est à la fois à décarboner les sites et aussi leur offrir un avenir industriel », a souligné l’Elysée, en notant qu’ils représentaient 30.000 emplois et en disant chercher « à convaincre leurs dirigeants de se lancer dans des investissements massifs », qui peuvent atteindre des milliards d’euros.