Deux-Sèvres : 61 gendarmes et 30 manifestants blessés lors des heurts à la réserve d’eau de Sainte-Soline
Heurts•Gérald Darmanin affirme que la manifestation contre les « bassines » n’était « pas pacifique »20 Minutes avec AFP
L’heure des bilans a sonné. Gérald Darmanin a annoncé que « 61 gendarmes avaient été blessés, dont 22 sérieusement », lors des heurts qui ont éclaté samedi à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) entre les forces de l’ordre et les opposants à la construction d’une retenue d’eau ( « megabassine ») pour l’irrigation agricole. 30 manifestants ont aussi été blessés, d’après les derniers bilans.
Dans un tweet, le ministre de l’Intérieur, qui est rentré de son département du Nord pour suivre de Paris, dans la soirée et les jours à venir, l’évolution de la situation, a fait valoir que ce bilan « démontr (ait) que ce n’était pas une manifestation pacifique mais un rassemblement très violent ». « J’espère, a-t-il ajouté, que toutes les forces politiques républicaines condamneront ces violences ».
« Nous constatons face aux forces de l’ordre de violents tirs de mortiers, des cocktails Molotov et des jets de projectiles divers », avait auparvant déclaré à la presse la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, qui avait publié des arrêtés interdisant toute manifestation dans la zone. Elle a dénoncé une « manifestation violente qui a pour but de commettre des infractions ».
Les grilles forcées
Des militants « antibassines », une cinquantaine selon la préfecture, ont réussi à forcer des grilles protégeant le chantier puis à entrer brièvement à l’intérieur, avant d’être repoussés, a constaté un journaliste de l’AFP. « Ils ont tous été repoussés donc la manœuvre est un succès », a conclu la préfète, rappelant que l’interdiction de manifester était toujours valable jusqu’à lundi.
Après un face-à-face tendu d’environ une heure au bord de la réserve, les manifestants ont fait demi-tour vers le champ prêté par un paysan pour qu’ils puissent y installer un campement près de ce chantier, devenu le nouvel épicentre d’un conflit sur l’usage de l’eau qui se raréfie avec le réchauffement climatique.
Le collectif Bassines Non Merci s’est félicité dans un communiqué d’avoir « réussi à déjouer la dizaine de barrages et à entrer dans le chantier » et affirmer vouloir se servir de ce campement comme « base d’appui » pour « continuer à stopper le chantier ».
Les « mégabassines » critiquées
Les réserves de substitution sont des cratères à ciel ouvert, recouverts d’une bâche en plastique et remplis grâce au pompage de l’eau des nappes phréatiques superficielles l’hiver. Elles peuvent stocker jusqu’à 650.000 m3 (soit 260 piscines olympiques) d’eau pour irriguer l’été, quand les précipitations se font plus rares.
Celle de Sainte-Soline est la deuxième d’un projet de 16 élaboré par un groupement de 400 agriculteurs réunis dans la Coop de l’eau, pour « baisser de 70 % les prélèvements en été », dans cette région encore soumise à des restrictions d’irrigation après une sécheresse estivale hors norme.
Les opposants dénoncent des « mégabassines » réservées à de grandes exploitations céréalières tournées vers l’exportation et défendent la mise en place d’autres mesures pour mieux partager et préserver l’eau - agroécologie, changement de cultures, retour des prairies…