Guadeloupe : Utilisation illicite d’une molécule pour faire jaunir les bananes plantains
ALIMENTATION•Un lot de banane traitée avec ce produit a aussi été découvert en MartiniqueS.A. avec AFP
Après le chlordécone, un nouveau poison alimentaire aux Antilles ? Des prélèvements réalisés par les autorités sur les bananes plantains de Guadeloupe ont « mis en évidence une utilisation illicite » de l’éthéphon, un activateur de croissance, sur « 10 % des échantillons analysés », a indiqué ce mercredi la préfecture.
La direction générale de la Santé, suivant un conseil de l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire), préconise de ne pas consommer de bananes soumises à l’application de l’éthéphon. Ce phytorégulateur, utilisé pour accélérer la maturation de certains fruits, n’est autorisé en Martinique que pour la culture de l’ananas, afin d’en accélérer la floraison.
L’enquête, pour « vérifier le bon usage » du produit sur le territoire, a été lancée par les services de l’Etat, « après la découverte, en Martinique, de lots de bananes plantains traités à l’éthéphon » à la fin du mois d’août.
Une « pratique commerciale trompeuse »
La dose relevée reste néanmoins « inférieure » à la dose de référence qui définit la quantité maximum de substance qui peut être ingérée par le consommateur durant une courte période sans risque, a précisé la préfecture de Guadeloupe dans un communiqué.
Il a tout de même « été décidé par les autorités d’étendre la surveillance du marché », a-t-elle ajouté. L’enquête continue « afin d’identifier les circuits commerciaux ayant permis l’usage illicite de ce produit, et les responsables de cette pratique », poursuit la préfecture. La « détention de ce produit en vue d’un usage illicite » relève d’une « pratique commerciale trompeuse », passible de deux ans de prison et d’une amende de 300.000 euros, ajoute-t-elle.
Le spectre du chlordécone
Début octobre, en Martinique, des saisies et des interpellations ont eu lieu à la suite de la découverte de l’utilisation d’éthéphon et l’enquête se poursuit « aux fins de démanteler le réseau », a indiqué la procureure de Fort-de-France.
En Guyane, les services de l’Etat ont également lancé une campagne de détection de ce produit sur les bananes plantains.
La Guadeloupe et la Martinique restent marquées par le scandale du chlordécone : ce pesticide utilisé dans les champs de bananes des Antilles jusqu’en 1993 a causé une contamination importante et durable des terres et des populations.
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