RÉPONSELa métropole niçoise assure progresser sur la gestion des déchets

Nice : A la traîne pour la gestion des déchets, la métropole assure progresser

RÉPONSELa chambre régionale des comptes de Paca a rendu un rapport dans lequel la collectivité ne fait pas figure « de bon élève ». Elle s’explique
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • La production locale d’ordures ménagères a augmenté de 1,2 % entre 2015 et 2019 d’après un rapport de la chambre régionale des comptes de Paca.
  • En 2018, chaque habitant laissait derrière lui 394 kg d’ordures ménagères contre 334 kg en moyenne en France.
  • Pour réduire la quantité de déchets, la recyclerie des Moulins permet de réparer les objets du quotidien au lieu de jeter. Deux autres seront bientôt inaugurées, une à l’Ariane et une autre dans le centre-ville, en projet.

La métropole niçoise à la traîne sur la question des déchets ? Alors que la tendance nationale est à la baisse selon les chiffres de l’Ademe, la production locale d’ordures ménagères a augmenté de 1,2 % entre 2015 et 2019 d’après un rapport de la chambre régionale des comptes de Paca.

En 2018, chaque habitant laissait derrière lui 394 kg d’ordures ménagères contre 334 kg en moyenne en France. Parallèlement, seulement 35 kg d’emballages ménagers et de verre étaient recyclés contre 55 kg au niveau national. Pierre-Paul Léonelli, le vice-président de la collectivité délégué à la collecte, la valorisation des déchets et la propreté reconnaît qu’il existe « encore des marges de progressions » mais assure que « des améliorations » sont en cours. Déjà sur 2022.

Des résultats « faussés » par les touristes

La chambre régionale des comptes a constaté que « la trajectoire menée par la métropole niçoise » est « inverse à celle prévue par la loi susvisée du 17 août 2015 qui impose, elle, une réduction de 10 % des déchets ménagers et assimilés produits entre 2010 et 2020 ». Le recyclage d’emballages ménagers et de verre, est lui aussi « largement inférieur à la performance nationale ».

En défense, la métropole niçoise assure que 33 % d’emballages supplémentaires ont été récoltés défense depuis 2018. Pierre-Paul Léonelli ajoute : « On a quatre millions de personnes qui viennent en période estivale et cette donnée n’a pas été intégrée. Si on avait une unification des consignes de tri peut-être qu’il n’y aurait pas de tels constats ? Moi, en tout cas, je peux assurer que les Niçois produisent 315 kg de déchets par an par habitant. Et qu’on diminue chaque année cette quantité. »

Pour appuyer son propos, le délégué à la propreté et à la collecte utilise l’exemple de l’usine de déchets de l’Ariane : « En 1978, quand l’usine a été construite, elle a été pensée pour une capacité de 380.000 tonnes. En 2022, on a le même tonnage alors qu’on est passé de 300.000 habitants à plus de 600.000 habitants, parce qu’aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement de Nice, mais des 51 communes de la métropole, du territoire de l’ouest et de l’est. Ça prouve bien qu’on produit moins de déchets. »

L’organisme reconnaît par ailleurs que la « forte activité touristique » du territoire « dégrade les ratios de production de déchets et affecte leur comparabilité au niveau national ».

Une meilleure valorisation

D’après Pierre-Paul Léonelli, la quantité de déchets a donc diminué ces dernières années, grâce à une politique mise en place depuis des années. « On a multiplié par deux la collecte de la poubelle recyclage depuis juin 2019, on a fait en sorte que ce bac puisse recueillir tous les emballages comme les boîtes à pizza, les pots de yaourt et on donne gratuitement ce container jaune. Des mesures pour faire en sorte de réduire le nombre de déchets dans les ordures ménagères. »

La chambre régionale des comptes poursuit son rapport en indiquant que la valorisation des déchets « est 20 % supérieure à la moyenne nationale et s’oriente davantage vers une valorisation énergétique alors que la priorité doit être donnée à la valorisation matière ». L’objectif est de 55 % en 2020 et 65 % en 2025, la collectivité était à 33 % en 2019.

L’adjoint au maire répond : « Plus de 95 % des déchets sont revalorisés. On a deux solutions par rapport à notre territoire, soit c’est l’usine d’incinération, soit la valorisation énergétique (faite pour 60 % des déchets), donc effectivement, on a choisi cette voie même si on s’éloigne de la valorisation matière préconisée par le gouvernement. On ne s’interdit d’ailleurs pas d’aller vers la méthanisation pour atteindre une autonomie totale en termes d’énergie. »

« Faciliter les gestes des citoyens »

Au-delà de la valorisation énergétique, l’élu cite d’autres initiatives pour réduire la quantité de déchets comme la recyclerie des Moulins, qui permet de réparer les objets du quotidien au lieu de jeter. Deux autres seront bientôt inaugurées, une à l’Ariane et une autre dans le centre-ville, en projet.

« On pousse aussi à utiliser le compost pour faire baisser encore plus ce qu’on jette à la poubelle. On en a déjà installé plusieurs en bas d’immeubles comme dans le quartier Saint-Roch. D’une manière générale, on a beaucoup d’actions. On fait de la sensibilisation dans les écoles, on encourage les initiatives citoyennes comme Nice Plogging, on a des ambassadeurs du tri. Il y a des collectes six jours sur sept, deux pour le tri, on fait du porte à porte pour les encombrants, gratuitement, on a 13 déchetteries gratuites et la taxe d’ordures ménagères fixée à 8,46 euros, une des moins chères nationalement. Et tout ça, sans un jour de grève », lance-t-il fièrement.



Son but est de « faciliter les gestes des citoyens » pour « les pousser à agir ». Il conclut alors que pour le prochain rapport de la chambre régionale des comptes, l’institution ne pourra « que constater les progrès de la métropole Nice Côte d’Azur » qui figurera « dans les meilleurs élèves » au sujet de la gestion des déchets.

L’élu rappelle par ailleurs que la chambre régionale des comptes a finalement fait « qu’une seule recommandation », qui est de « définir une méthodologie et des indicateurs financiers stables permettant d’assurer un suivi d’un exercice à l’autre dans les rapports annuels sur les prix et la qualité du service ». « C’est tout ce qu’on nous a demandé et c’est réglé depuis qu’on a créé un budget annexe en 2018 avec un bureau d’étude financier pour nous accompagner et répondre à cette problématique », affirme-t-il.