Rennes : « 45.000 euros le pin »… C’est quoi ce barème de l’arbre adopté à Rennes ?
Combien ça coûte ?•Le conseil municipal a adopté une charte mise en place pour « indemniser » tout arbre qui serait abîmé ou détruit lors d’un chantier d’aménagementCamille Allain
L'essentiel
- Le conseil municipal de Rennes a voté en faveur d’un barème de l’arbre qui vise à donner une valeur financière à chaque tronc de la ville.
- L’objectif est de protéger la biodiversité en incitant les aménageurs et promoteurs à préserver la végétation lors des travaux.
- Si certaines espèces mal en point sont évaluées à quelques milliers d’euros, d’autres peuvent grimper à plus de 40.000 euros.
A chaque fois qu’une ville ose en couper, elle se fait découper. A Rennes comme dans toutes les métropoles françaises, l’arbre est devenu sacré. Souvent esseulé et sacrifié sur l’autel de la densité urbaine, l’arbre a retrouvé une place chère dans le cœur des citadins, inquiets de voir leur lieu de vie se minéraliser, tousser quand l’air est pollué et suffoquer lors des canicules en été. Poursuivie en justice pour avoir coupé certains arbres de l’avenue Janvier, la ville de Rennes avait adopté l’an dernier une charte censée protéger ses plus vieilles branches. Lundi soir, son conseil municipal a été plus loin en votant en faveur d’un barème de l’arbre. Un système financier qui vise à donner une valeur monétaire à chaque tronc afin de protéger les plus précieux.
Déjà en vigueur dans plusieurs villes françaises comme Lyon, Nancy ou Grenoble, le fameux « barème » se base sur plusieurs critères pour définir un prix : l’âge, la grandeur, le volume, la localisation, son état sanitaire mais aussi son bienfait pour la population. Ainsi, un arbre offrant une belle ombre dans un secteur très minéral verra sa cote monter. Et concrètement, cela donne quoi ? Deux chênes pédonculés situés à l’angle des rues de Vern et de Châteaugiron ont été évalués à 33.000 euros chacun par le service des jardins. Un pin de Monterey de la rue d’Armagnac, dans le quartier de Villejean, a lui été estimé à 45.000 euros. Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Ainsi, certains robiniers ou « faux acacias » alignés sur l’avenue de Pologne jugés « en net déclin » ne sont cotés qu’à 3.000 euros chacun.
Avec ce barème, la ville pourra désormais réclamer des sommes à toute personne qui endommagerait ou détruirait des espèces végétales. « Les arbres sont de mieux en mieux pris en compte mais il arrive qu’ils soient encore malmenés. Pendant des travaux, on voit des racines sectionnées, des branches cassées ou des sols tassés par les engins. Ces dégâts conduisent parfois à une mort prématurée. Il est important d’évaluer ce préjudice », explique Didier Chapellon, adjoint délégué à la biodiversité. Si destruction il y a, la ville sera en mesure de réclamer la somme à l’auteur des dégâts. « Mais ce n’est pas un permis d’abattre », assure l’élu écologiste. « Si un arbre est protégé, il le restera », enchaîne la maire Nathalie Appéré.
Ces nouvelles règles s’appliquent avant tout aux aménageurs, aux promoteurs immobiliers mais aussi aux entreprises intervenant pour des travaux de réseaux souterrains. Les tranchées réalisées dans l’enrobé sont parfois les seules cicatrices visibles mais elles endommagent régulièrement les racines des arbres, dont la durée de vie est déjà limitée en ville.