biogazEngie poursuivi après la pollution de sa centrale biogaz en Bretagne

Bretagne : Engie devant la justice après la pollution de son méthaniseur

biogazLa société qui avait privé 180.000 personnes d’eau potable autour de Châteaulin sera jugée pour « déversement de substances nuisibles dans les eaux souterraines, superficielles ou la mer »
Camille Allain

C. A. avec AFP

L'essentiel

  • La société Engie sera jugée en mars pour avoir pollué un cours d’eau après une défaillance de son méthaniseur de Châteaulin, dans le Finistère.
  • Alors qu’une simple comparution pénale était envisagée, le procès se tiendra finalement en public comme le réclamaient des associations.
  • La pollution liée à un incident technique avait privé 180.000 personnes d’eau potable en août 2020.

« C’est le procès du risque industriel qu’on fait courir à nos rivières. » Porte-parole de l’association Eau et Rivières de Bretagne, Arnaud Clugery s’est battu pour que le procès d’Engie se tienne en public. Le 17 août 2020, la centrale biogaz de Châteaulin (Finistère) exploitée par le géant de l’énergie avait connu un incident technique majeur provoquant la pollution d’un cours d’eau et privant 180.000 personnes d’eau potable pendant plusieurs jours. Engie sera jugée le 9 mars 2023 pour les délits de « déversement de substances nuisibles dans les eaux souterraines, superficielles ou la mer » et de « pollution par rejet en eau douce ou pisciculteur de substances nuisibles au poisson », selon la procureure de Quimper Carine Halley.

Inauguré en 2018 par Sébastien Lecornu, alors secrétaire d’État à la Transition écologique, ce méthaniseur injecte dans le réseau gazier du méthane produit à partir de fumier, de lisier ou de déchets de l’industrie agroalimentaire. Le 17 août 2020, une cuve de la centrale avait débordé à la suite d’un incident technique. Environ 400 m3 de digestat, une matière organique issue du processus de méthanisation, avaient débordé d’une cuve pour s’écouler dans un fleuve côtier, en amont d’une usine d’eau potable, provoquant un pic d’ammoniaque et rendant l’eau impropre à la consommation.


Il est également reproché à Engie d’avoir exploité son installation « sans respecter les mesures prescrites par arrêté pour la protection de l’environnement ». Capable de fournir la consommation de 6.000 personnes en gaz, la centrale avait fait l’objet de plusieurs plaintes de la part d’associations. La peine maximale encourue pour ces délits est une amende de 375.000 euros ainsi que diverses peines d’interdiction ou de confiscation, outre la peine de remise en état des lieux. « La justice environnementale ne doit pas être une justice au rabais », prévient le responsable d’Eau et rivières.